Du solstice d’hiver jusqu'à la Saint-Jean-Baptiste, un texte de chanson, je vous livre un extrait d'une pièce de théâtre, de littérature ou d'un film, tous provenant du grand patrimoine culturel québécois afin que les paroles de nos artistes voyagent partout dans nos têtes et nos cœurs.
J'ai refait le plus beau voyage
De mon enfance à aujourd'hui
Sans un adieu, sans un bagage
Sans un regret ou nostalgie
J'ai revu mes appartenances
Mes 33 ans et la vie
Et c'est de toutes mes partances
Le plus heureux flash de ma vie
Je suis de lacs et de rivières
Je suis de gibier, de poissons
Je suis de roches et de poussières
Je ne suis pas des grandes moissons
Je suis de sucre et d'eau d'érable
De Pater Noster, de Credo
Je suis de dix enfants à table
Je suis de janvier sous zéro
Je suis d'Amérique et de France
Je suis de chômage et d'exil
Je suis d'octobre et d'espérance
Je suis une race en péril
Je suis prévu pour l'an 2000
Je suis notre libération
Comme des millions de gens fragiles
À des promesses d'élection
Je suis l'énergie qui s'empile
D'Ungava à Manicouagan
Ah, ah, ah
Je suis Québec mort ou vivant
Ah, ah, ah, ah
Ah, ah, ah
Ah, ah, ah, ah
Je suis Québec mort ou vivant
Le plus beau voyage
Claude Gauthier
Encore un an de passé sur le monde;
La liberté fit crouler un tyran.
Si je vois bien dans la sphère profonde,
L'astre des rois s'éclipse à son couchant.
Peuples, pour nous, c'est un heureux présage,
Quand le loup dort les bergers sont en paix.
Chantons ! le jour de l'esclavage
Va disparaître pour jamais.
La liberté, fuyant de ses domaines,
Errait en pleurs dans l'ombre des forêts;
Elle entendait au loin le bruit des chaînes,
Et la torture armer ses chevalets.
Mais de ces temps de pleurs et de misères,
Le règne, enfin, pour le peuple est passé.
Chantons! au bruit confus des verres,
Car notre règne est commencé.
Les rois voulaient à la jeune Amérique
Faire aussi don et du sceptre et des fers;
Mais le lion, broyant leur rouille antique,
De leurs débris parsemait les déserts.
Ces hochets d'or sont bons pour des esclaves,
Se disait-il dans sa juste fureur
Chantons! et que la voix des braves
Répète ce refrain en choeur.
Ô Canada! ton ciel est plein d'orages!
Mais ne crains point l'approche des tyrans;
L'aquilon seul dans son char de nuages
Renverserait leurs pavois chancelants.
Seul l'homme libre admire nos tempêtes,
Et sait braver en tout temps leur courroux.
Chantons! car jamais dans nos fêtes
L'alguasil n'entrera chez nous.
Titre : L’an 1834 (Poésies choisies)
Auteur : François-Xavier Garneau
préambule
Dans mon livre, il n’y a pas de parole de Blancs. Quand j’ai songé à écrire pour me défendre et pour défendre la culture de mes enfants, j’ai d’abord bien réfléchi, car je savais qu’il ne fait pas partie de ma culture d’écrire et je n’aimais pas tellement partir en voyage dans la grande ville à cause de ce livre que je songeais à faire. Après avoir bien réfléchi et après avoir une fois pour toutes pris, moi une Indienne, la décision d’écrire, voici ce que j’ai compris: toute personne qui songe à accomplir quelque chose rencontrera des difficultés mais en dépit de cela, elle ne devra jamais se décourager. Elle devra malgré tout constamment poursuivre son idée. Il n’y aura rien pour l’inciter à renoncer, jusqu’à ce que cette personne se retrouve seule. Elle n’aura plus d’amis mais ce n’est pas cela non plus qui devra la décourager. Plus que jamais, elle devra accomplir la chose qu’elle avait songé à faire.
Schefferville, septembre 1975
1 – kauapishit ushkat ka takushinit nitassinat
Kauapishit ka ui apashtat kie ka ui pikunak nitassinannu, apu ut natuenitamuat auennua kie apu ut kukuetshimat innua miam tshetshi tapuetakukue. Kauapishit ka ui apashtat nitassinannu kie ka ui pikunak, apu ut minat innua mashinaikanuiannu tshetshi mashinatautishuniti tiapuetakut tshetshi apashtat kie tshetshi pikunak nutim eshpishanit nitassinannu, muku uin natshishk tshetshi pakassiuatshet. Kauapishit ka ui tutuat innua tshetshi ishinniuniti miam kauapishiniti, apu ut kukuetshimat innua kie apu ut minat innua mashinaikanuiannu tshetshi mashinatautishuniti tiapuetakut innua tshe ishpish inniuniti tshetshi nakataminiti utinniunnu.
1 – L’arrivée du blanc dans notre territoire
Quand le Blanc a voulu exploiter et détruire notre territoire, il n’a demandé de permission à personne, il n’a pas demandé aux Indiens s’ils étaient d’accord. Quand le Blanc a voulu exploiter et détruire notre territoire, il n’a fait signer aux Indiens aucun document disant qu’ils acceptaient qu’il exploite et qu’il détruise tout notre territoire afin que lui seul y gagne sa vie indéfiniment. Quand le Blanc a voulu que les Indiens vivent comme des Blancs, il ne leur a pas demandé leur avis et il ne leur a rien fait signer disant qu’ils acceptaient de renoncer à leur culture pour le reste de leurs jours.
Extrait de
eukuan nin matshi-manitu innushkueu
je suis une maudite sauvagesse
Auteur : An Antane Kapesh
Édité et préfacé par Naomi Fontaine
Traduction française de José Mailhot
Du Petit bonheur jusqu'au Tour de l'île
Félix a semé, tout a commencé
Vigneault a grandi avec mon pays
C'est en l'écoutant que les gens d'ici
Se sont reconnus, se sont retrouvés
Un coeur dans la voix de nos chansonniers
Car c'est dans les chansons qu'on apprend la vie
Y a dans les chansons beaucoup de leçons
C'est dans les leçons qu'on apprend à lire
Mais c'est dans le lit qu'on vit les chansons d'amour
Et c'est en amour qu'on fait des chansons
De Feuille de gui jusqu'au petit roi
Jean-Pierre a donné aux gens de chez moi
L'espoir d'arriver juste un peu plus loin
On y sera demain en quelques refrains
Et tous les Bozo, Bozo-les-culottes
Auront bien grandi grâce à quelques notes
Car c'est dans les chansons qu'on apprend la vie
Y a dans les chansons beaucoup de leçons
C'est dans les leçons qu'on apprend à lire
Mais c'est dans le lit qu'on vit les chansons d'amour
Et c'est en amour qu'on fait des chansons
C'est dans les chansons qu'on apprend la vie
Y a dans les chansons beaucoup de leçons
C'est dans les leçons qu'on apprend à lire
Mais c'est dans le lit qu'on vit les chansons d'amour
Et c'est en amour qu'on fait des chansons
(Et c'est en amour qu'on fait des chansons).
C’est dans les chansons
Jean Lapointe
Léopold – Ça fait vingt-sept ans que j’travaille pour c’t’écœurant-Ià... Pis j’ai rien que quarante-cinq ans... C’est quasiment drôle quand tu penses que t’as commencé à travailler pour un gars que t’haïs à l’âge de dix-huit ans pis que t’es t’encore là, à le sarvir... Y’en reste encore trop des gars poignés comme moé...
Aujourd’hui, les enfants s’instruisent, pis y vont peut-être s’arranger pour pas connaître c’que j’ai connu... Hostie ! Toute ta tabarnac de vie à faire la même tabarnac d’affaire en arrière de la même tabarnac de machine ! Toute ta vie ! T’es spécialisé, mon p’tit gars ! Remercie le bon Dieu ! T’es pas journalier ! T’as une job steadée ! Le rêve de tous les hommes : la job steadée ! Y’a-tu quequ’chose de plus écœurant dans ’vie qu’une job steadée ? Tu viens que t’es tellement spécialisé dans ta job steadée, que tu fais partie de ta tabarnac de machine ! C’est elle qui te mène ! C’est pus toé qui watches quand a va faire défaut, c’est elle qui watche quand tu vas y tourner le dos pour pouvoir te chier dans le dos, sacrement ! Ta machine, tu la connais tellement, tu la connais tellement, là, que c’est comme si t’étais v’nu au monde avec ! C’est comme si ç’avait été ta première bebelle, hostie ! Quand j’me sus attelé à c’te ciboire de machine-là, j’étais quasiment encore un enfant ! Pis y me reste vingt ans à faire ! Mais dans vingt ans, j’s’rai même pus un homme... J’ai déjà l’air d’une loque...
Dans vingt ans, mon p’tit gars, c’est pas toé, c’est ta machine qui va prendre sa retraite ! Chus spécialisé ! Chus spécialisé ! Ben le bon Dieu, j’le r’mercie pas pantoute, pis je l’ai dans le cul, le bon Dieu ! Pis à part de ça, c’est même pas pour toé que tu travailles, non c’est pour ta famille ! Tu prends tout l’argent que t’as gagné en suant pis en sacrant comme un damné, là, pis tu la donnes toute au grand complet à ta famille ! Ta famille à toé ! Une autre belle invention du bon Dieu ! Quatre grandes yeules toutes grandes ouvertes, pis toutes prêtes à mordre quand t’arrives, le jeudi soir ! Pis quand t’arrives pas tu-suite le jeudi soir parce que ça te tentait d’avoir un peu de fun avec les chums pis que t’as été boire à’taverne, ta chienne de famille, à mord pour vrai, okay ! Cinq minutes pis y te reste pus une crisse de cenne noire dans tes poches, pis tu brailles comme un veau dans ton lit ! Pis ta famille a dit que c’est parce que t’es saoul ! Pis a va conter à tout le monde que t’es t’un sans-cœur ! Ben oui, t’es t’un sans-cœur ! y faut pas te le cacher, t’es t’un sanscœur !
Extrait de À toi, pour toujours, ta Marie-Lou
Michel Tremblay
EXT. “LA DUMP” (LOWELL)
La foule se disperse, les Irlandais chantant “THE IRISH *ROVER” et les Canadiens français cuvant amèrement leur humiliation. Cyr, quant à lui, a les yeux sur la luxueuse calèche qui disparaît. Le gros rouquin plaque son pied sur le derrière de Pierrot et le pousse par terre.
GROS ROUQUIN
Don’t worry, piss pot, you’ll learn your place in life.
Des Irlandais éclatent de rire... jusqu’à ce que Cyr saisisse et retienne le poignet du gros rouquin.
Le gros rouquin tente de dégager son bras. En vain.
GROS ROUQUIN (à Cyr)
What gives, Frenchy?
Cyr vient pour parler mais Pierrot le devance en se relevant.
PIERROT
My brother can kick your ass!
Sans lâcher le gros rouquin, Cyr mitraille Pierrot du regard.
CYR
Pierrot, bâtard!
Pierrot désigne une énorme pierre bien enfoncée dans le sol.
PIERROT
Bet you can’t lift that--maudite face de carotte!
Le gros rouquin regarde l’énorme pierre, puis Pierrot.
GROS ROUQUIN
Of course I can’t.
(à Cyr)
And neither can you.
PIERROT
Wanna bet?!
Cyr relâche le bras du gros rouquin et s’éloigne en faisant signe à Pierrot.
CYR
Come on, toi, on s’en va.
GROS ROUQUIN
Yeah, right--real good at blowing
smoke up your own asses...
Pierrot se retourne. Cyr le prend par le cou et continue de s’éloigner. Le gros rouquin se frotte le poignet en jetant un œil méprisant vers Cyr.
GROS ROUQUIN
French Canadians, aye, the scum of the Earth!
Cyr s’arrête net, se retourne vers le gros rouquin. Murmures dans la foule qui s’agglutine autour des deux hommes. Cyr examine la pierre, pas du tout sûr de son coup. Il s’agit d’une énorme masse aux allures de menhir sans véritable prise enfoncée dans la terre.
Les Canadiens français dans la foule lancent des encouragements. Même le gros rouquin se met de la partie, avec ironie, celui-là. Cyr retire son veston et le fourre dans les bras de Pierrot.
Attiré par la foule frétillante, Mac Sohmer s’approche.
Cyr se penche vers la pierre... l’enserre à deux bras. Ses muscles se tendent... les veines sur son front se gonflent... il force et force à faire craquer ses articulations. La pierre ne bronche pas.
Échanges de regards, inquiets chez les Canadiens français, rigolos chez les Irlandais.
Cyr force à se fendre l’échine. Son corps se tord en de pénibles torsions qui semblent dégager petit à petit la pierre de la terre. Murmures dans la foule. Pierrot fait oui avec la tête. Cyr pousse un grand cri: “Aaaaargh!” L’immense masse se retrouve sur ses genoux... puis sur son estomac... puis sur son cou... et enfin sur son épaule.
PDV de Cyr: Le temps s’est arrêté. Tous, Canadiens français comme Irlandais, ont les yeux braqués sur lui. Des yeux admiratifs, fascinés, dépassés, conquis.
Cyr pousse un grand cri et rejette la pierre qui s’enfonce dans la terre aux pieds du gros rouquin ahuri. La foule pousse un hurlement triomphal, les Irlandais eux-mêmes n’arrivant pas à contenir leur admiration. À deux mains, Pierrot hisse en l’air le bras de son grand frère qui, les vêtements déchirés, les mains et le torse en sang, reste là, immobile et pantelant, à fixer le vide comme s’il n’arrivait pas lui-même à croire à ce qu’il vient d’accomplir
Mac Sohmer saisit le bras du gros rouquin qui s’éloigne en grimaçant de dépit.
MAC SOHMER
Who the hell is that ?
Extrait du scénario du film : Louis Cyr
Écrit par : Sylvain Guy
Il est question d'un Office provincial de la linguistique. J'en suis. LA LANGUE EST UN BIEN COMMUN, et c'est à l'État comme tel de la protéger. L'État protège les orignaux, les perdrix et les truites. On a même prétendu qu'il protégeait les grues. l'État protège les parcs nationaux, et il fait bien : ce sont là des biens communs. LA LANGUE AUSSI EST UN BIEN COMMUN, et l'État devrait la protéger avec autant de rigueur. Une expression vaut bien un orignal, un mot vaut bien une truite.
L'État québécois devrait exiger, par loi, le respect de la langue française, comme il exige, par loi, le respect des truites et des orignaux. l'État québécois devrait exiger, par loi, le respect de la langue française par les commerçants et les industriels, quant aux raisons sociales et quant à la publicité. Sauf erreur, les industries et les commerces importants doivent, un moment ou l'autre, se présenter devant le Gouvernement pour un enregistrement ou une reconnaissance légale. C'est là que le Gouvernement devrait les attendre. "Nommez-vous et annoncez-vous en français, ou bien je ne vous reconnais pas", pourrait-il leur dire en substance. Et alors, on n'aurait plus de Thivierge Électrique, de Chicoutimi Moving, de Turcotte Tire Service, de Rita's Snack Bar, etc... Si seulement ces deux domaines : réclame commerciale et raisons sociales, étaient surveillés avec autant de soin que le parc des Laurentides, la langue serait sauvée par ici. Mais le Gouvernement sera-t-il assez réaliste pour agir en ce sens ? On peut être pratique et manquer de réalisme ; arrivera-t-il enfin un Gouvernement qui ne se contentera pas d'être pratique, i.e. dupe, en fin de compte, mais qui sera réaliste ? Qui nous dira tout le mal que les pratiques nous ont fait, par manque de réalisme ?
Les congrès, les concours de bon langage, les campagnes sont pratiquement inefficaces. Seul l'État, gardien du bien commun, peut agir efficacement au niveau de la civilisation. C'est à la civilisation de supporter la culture. l'État a la loi et la force pour lui. Nous, les instituteurs, nous n'avons que raison. C'est si peu de chose, avoir raison ; ça ne sert qu'à mourir. Je suis un peu lugubre, n'est-ce pas ?
Extrait du livre Les insolences du Frère Untel (1960)
Jean-Paul Desbiens
C'est drôle, depuis le réveil
J'me sens plus tellement pareil
J'ai du mal à m'regarder
Le miroir me laisse tomber
Y a pourtant d'autres choses qu'un café
Pour m'aider à voir
J'veux noircir de l'eau
Pour blanchir mon cerveau
L'appareil est branché dans mon dos
Et brûle dans ma peau
S'il fallait que tu t'réveilles
Ça ferait deux, toi pis l'soleil
À me r'garder déjeuner
J'me sens devenir étranger
J'sais pas si c'est triste ou drôle
C'est comme si j'perdais l'contrôle
Qu'est-cé q'j'ai là sué épaules
Qu'est-cé qui m'fait changer d'rôle?
J'viens d'sauter dix pieds dins airs
J'vas me r'trouver comme un fou su'a terre
Comme un fou, tout est si clair
Ti li li la ou-da
Ti li li la li da na na
Na na na na na na na
Dites-moi donc quoi faire
J'suis tombé par terre
Au milieu des gens qui n'ont rien remarqué
Si j'pouvais me r'prendre
Avec un peu d'chance
J'pourrais m'arranger pour tomber sué deux pieds
Non, mon p'tit gars, non
C'pas d'même qu'on s'y prend, non
T'as rien qu'à garder la place qu'on t'a donnée
Non, non, mon p'tit gars
Essaie pas d'bouger, non
Sinon tes voisins vont être désenlignés
Dites-moi donc quoi faire
J'suis tombé su'a terre
Au milieu d'un champ qu'on a r'couvert d'acier
Si j'pouvais me r'prendre
Avec un peu d'chance
J'pourrais p't-être tomber que'qu' part de l'autre côté
Non, mon p'tit gars, non
C'pas d'même qu'on apprend, non
T'as rien qu'à r'garder où les autres sont placés
Non, non, mon p'tit gars
Essaie pas d'parler, non
Sinon, va falloir penser à t'enfermer
C'est drôle, depuis le réveil
Tout est fort dans mes oreilles
Même les sons si familiers
Jusqu'aux bruits dans l'escalier
Et même si l'horloge m'a sonné
Pour mieux se faire voir
Être sourd pour une heure
J'voudrais m'entendre le coeur
Le sommeil était mon seul silence
J'suis moins seul quand j'y pense
S'il fallait que j'me réveille
Comme Alice dans ses merveilles
À fixer mes céréales
Comme une vieille boule de cristal
J'sais pas si c'est bleu ou blanc
Au fond d'un diamant
Plus j'suis p'tit, plus c'est grand
J'vas me r'trouver dedans
J'viens d'passer à travers
J'vas me r'trouver comme un fou su'a terre
Comme un fou, tout est si clair
Ti li li na na na (ti li li na na na)
Ti li li la li da na na
Na na na na na na na
Na na ni da ni da
Ti li li la li da na na...
Comme un fou
Auteurs-compositeurs : Serge Fiori, Michel Normandeau
Moi, j'suis né du bon bord
Du bord de l'Amérique
De l'Amérique du Nord
Le royaume apathique
D'une ville tranquille
Où, à chaque matin
J'bois ma tasse de café
Sans trop me salir les mains
Me salir les mains
Toi, t'es né de l'autre bord
Tout au bord de la mer
Mais ça, c'est tout ce qui te reste
Chaque fois que mon bord s'en mêle
Tu crèves de faim
Au milieu d'un jardin
Où tu cueilles le café
Que j'bois à chaque matin
À chaque matin
Amère America
Amère America
Amère America
Moi, j'suis né du bon bord
Du bord où y a pas de guerre
Là où on peut encore
Camoufler la misère
Après l'dîner
Quand je regarde la télé
J'vois ton bord déchiré
Sans me sentir concerné
Concerné
Toi, t'es né de l'autre bord
C'est la révolution
Pour un oui, pour un non
C'est la disparition
Révolution
Bonne pour l'économique
Car la balle qui te tue
Vient de mon bord d'Amérique
D'Amérique
Amère America
Amère America
Amère America
America
Mais là, t'es couché au bord
Au bord d'un bidonville
Là où y a plus d'espoir
Que sur ma terre d'argile
Car, si un jour
Un monde doit s'écrouler
Dis-toi bien que c'est mon tour
Mon bord, ce sera le premier
Amère America
Amère America
Amère America
Amère America
(Amère) America
Amère America
(Amère) America
(Amère) America
Amère America
(Amère America)
Amère America
Amère America
Amère America
Amère America
Amère America
Auteurs-compositeurs : Marc Perusse, Luc De Larochelliere.
« Si tu pouvais me suivre, ton roman et tout ce qui est greffé, ta vie même, ne te causeraient de problème. Tu serais au-dessus, assis sur le char de feu de ton silence. Ton silence actuel n’est qu’un faux silence, il n’est pas l’œuvre de celui qui a fait le vide en lui mais de celui dont le vide s’est créé en lui. La tragique cloche de verre. Cela, je l’ai compris dès notre première rencontre. J’étais dans l’air, suspendu là depuis le grand commencement, et ça y reste tout le temps, et parfois, comme cette nuit-là qui est aussi celle-ci, les choses montent en l’air, toi par exemple, la rue Sainte-Catherine, ces gens qu’on appelle ou qui furent appelés Ferron, Miron, Ducharme, Frank Scott et qui, dans la transparence du réel, font procession rue Sainte-Catherine, au-dessus, bien au-dessus du Grand Morial, dans un temps autre, de sorte qu’ils ne sont reconnus de personne et que piétons et moteurs leur passent sur le corps sans que rien d’eux puisse être atteint : ils ne sont plus là, ils sont dans l’air, suspendus là depuis le grand commencement, marchant dans leur immobilité sacrée derrière mon vieux cheval sur lequel je suis monté, revêtu de mon armure, mon heaume de carton-pâte scintillant dans le vide, ma lance de bois braquée sur le soleil et mon crochet de fer rouillé devant les yeux. Où allons-nous comme ça, dans notre procession ? Nulle part puisque nous sommes dans l’air, suspendus là depuis le grand commencement. Ce sont des choses qui viennent vers nous. »
Don Quichotte de la démanche
Victor-Lévy Beaulieu
On dort les uns contre les autres
On vit les uns avec les autres
On se caresse, on se cajole
On se comprend, on se console
Mais au bout du compte
On se rend compte
Qu'on est toujours tout seul au monde
On danse les uns avec les autres
On court les uns après les autres
On se déteste, on se déchire
On se détruit, on se désire
Mais au bout du compte
On se rend compte
Qu'on est toujours tout seul au monde
On dort les uns contre les autres
On vit les uns avec les autres,
On se caresse, on se cajole
On se comprend, on se console
Mais au bout du compte
On se rend compte
Qu'on est toujours tout seul au monde
On danse les uns avec les autres
On court les uns après les autres
On se déteste, on se déchire
On se détruit, on se désire
Mais au bout du compte
On se rend compte
Qu'on est toujours tout seul au monde
Au bout du compte
On se rend compte
Qu'on est toujours tout seul au monde
Toujours tout seul au monde.
Les uns contre les autres
Paroliers : Michel Berger / Luc Plamondon
J'me lève à chaque matin mais j'suis pas sûr que c'est moi
J'aime autant pas y penser, ça fait longtemps qu'j'ai compris
Qu'on passe à travers sa vie à coups de journées
La seule chose qu'on veut garder c'est l'droit de rêver
La gourmandise des uns fait la famine des autres
Pis on s'met à chialer quand cette famine c'est la nôtre
Quand on regarde vers son passé
On s'rend compte qu'y a rien à oublier
Mais on a peur de s'avancer
Et on se laisse enraciner
Parce qu'on passe à travers sa vie à coups de journées
La seule chose qu'on veut garder c'est l'droit de rêver
La liberté des uns devient la prison des autres
Pis on s'met à chialer quand cette prison c'est la nôtre
Un jour je vais sauter sur un train
Disparaître au bout du chemin
Ou p't-être même embarquer sur un radeau
Et ceux qui pensent que j'vais m'noyer
Oublient qu'j'ai appris à nager, woh, woh
Quand la femme se lève le matin
Elle reconnaît plus son mari
Elle reconnaît plus l'homme qui est en lui
Celui qu'y a longtemps l'avait séduite
Parce qu'il passe à travers sa vie à coups de journées
La seule chose qu'il veut garder c'est l'droit de rêver
La rage de vivre des uns fait souvent faiblesse à d'autres
Pis on s'met à chialer quand cette faiblesse c'est la nôtre
Un jour je vais sauter sur un train
Disparaître au bout du chemin
Ou p't-être même embarquer sur un radeau
Et ceux qui pensent que j'vais m'noyer
Oublient que j'ai appris à nager
Un jour je vais sauter sur un train
Disparaître au bout du chemin
Ou p't-être même embarquer sur un radeau
Et ceux qui pensent que j'vais m'noyer
Oublient que j'ai appris à nager, woh, woh
Un jour je vais sauter sur un train
Disparaître au bout du chemin.
Le train
Vilain Pingouin
Au Japon, par un beau jour d’hiver, un jour de février,
un escargot montait lentement… lentement…
le long du tronc d’un cerisier.
Il rencontra une fourmi qui lui dit :
— Te donne pas cette peine, c’est pas la saison –
y’a pas de cerises sur cet arbre !
L’escargot répondit sans s’arrêter :
— Il y en aura quand j’arriverai
L'escargot, conte japonais
Kim Yaroshevskaya
Chaque personnage est dans son lieu respectif.
La Statue
Je suis le désert qui se récite grain par grain.
Marie
Je file un bien mauvais coton. Est-ce que je pourrais changer de peau ? Est-ce que je pourrais me chercher ailleurs ?
Madeleine
Je pigrasse sur place. La vie me fait cailler.
Les trois ensemble, sur un air de chant grégorien.
Ain ain ain ain
Ain ain ain ain
Ainsi sont-elles
Ain ain ain ain
Ain ain ain ain
Ainsi sont-elles
La Statue
Je suis le léchage de la dénégation.
Marie
Je suis la sauce à plume de l’objet de vos enquêtes sociologiques.
Madeleine
Je suis une bien vilain sujette.
La Statue
Qui est-ce qui pèse comme ça sur mes épaules ?
Marie
Je suis tannée de prendre des pilules.
Madeleine
J’ai de la misère à me remettre de ma brosse d’hier !
Marie
Qui suis-je qui serai comme si je n’avais jamais été ?
Madeleine
Sur le poêle, le café fait des bruits d’entrailles.
Marie
Entendez-vous la musique des vieilles casseroles trouées ?
La Statue
Les voiles du temple claquent comme de vieux drapeaux mouillés. (Silence). Le temps est lourd ce soir.
Marie
Je m’appelle Marie. Ils glorifient mes maternités, et pourtant moi ils ne peuvent pas me souffrir.
Madeleine
Je suis la celle au grand cœur. Qu’ils disent. Eux. Qui est-ce qui se donne à se faire aimer de moi ?
La Statue
Je suis le désert qui se récite grain par grain. Jour après jour.
Marie
J’pense que vais prendre des calmants.
Madeleine
J’en ai marre de boire.
Marie
C’est toujours pareil. Y a jamais rien qui change. Moi je pensais que j’ferais mieux que ma mère.
La Statue
Qui ça, moi ?
Marie
Je ne suis pas rendue beaucoup plus loin qu’elle.
Madeleine
Qu’est-ce que tu voudrais qui change ?
Marie, en riant.
Et nous vîment les victimes se mettre à penser.
Elles quittent leur lieu respectif pour aller vers un lieu neutre et chantent ensemble.
Extrait de la pièce Les fées ont soif
Denise Boucher
Pour une p'tite chanson
J'donnerais ma maison
Comme un sac de pierre
J'écrase la terre
Je voudrais m'en aller
Et voler dans l'horizon
Mais j'ai c'te maison
Rivée aux talons.
Pour écrire, il faut du papier
Y a pas d'papier chez les colons
Pour aimer il faut sa moitié
Y a pas d'moitié chez les colons.
Moi j'serais en peine d'écrire
Et j'serais en peine d'aimer
Je connais pas mes lettres
Et pas d'visage aimé
Notre vie, on la roule
Sur des houles de pays
On nous sort de la foule
On nous déboule ici.
Où c'est qu'on va poser not' pieu
Défaire nos hardes et être heureux
Oh sainte vierge mère de Dieu
V'nez donc nous aider un p'tit peu.
Et des mouches et des souches
Et des frousses à la tonne
Le paradis qu'on dit
Est derrière l'abattis
On le cherche, on l'appelle,
On travaille comme des bœufs
Et le soir, y a plus rien
Qu'deux étoiles dans les cieux.
Coli Colo colonisons
Pour tous les fistons qui viendront
Chapi chapeau, y a pas d'moisson
Sans sueur des fronts et sans colons.
La chanson des colons
Félix Leclerc
Des fois je vis des hauts
Des fois je vis des bas
Mais la plupart du temps
Je vie ma vinaigrette
Des fois je Vivaldi
Des fois je vichyssoise
Mais la plupart du temps
Je vis ma vinaigrette
Quand j'suis née
J'ai pleuré
Quelqu'un venait de couper
Le cordon de mon walkman
En-suite on m'a donné
Une claque sur les fesses
Et puis on m'a demandé
Fumeur ou non fumeur
Des fois je vis des hauts
Des fois je vis des bas
Mais la plupart du temps
Je vie ma vinaigrette
Des fois je vitamine
Des fois je vitago
Mais la plupart du temps
Je vis ma vinaigrette
J'ai grandi
J'suis tombé dans T.V
Depuis ce temps là
Je bande dessiné
Quand j'ai envie d'un peu d'action
Je pitonne tout les boutons
De ma télévision
Je vie tout les vis de Miami
J'me tape toute les pitounes de dynastie
De temps en temps j'me trompe de canal
J'me retombe à Montréal dans petite vie normale
Des fois je vis des hauts
Des fois je vis des bas
Mais la plupart du temps
Je vie ma vinaigrette
Des fois je vire à droite
Des fois je vire à gauche
Mais la plupart du temps
Je vis ma vinaigrette
Je vis ma vinaigrette
Si tu veux mon avis
Vie ta vie
Vie ta vie ta vinaigrette
Si tu veux mon ami
Vis ta vie
Vis ta vie ta vinaigrette
Des fois je vis des hauts
Des fois je vis des bas
Mais la plupart du temps
Je vie ma vinaigrette
Des fois je vitriol
Des fois je vituterre
Mais la plupart du temps
Je vis ma vinaigrette
Des fois je Ville-Marie
Des fois je ville-lumière
Mais la plupart du temps
Je vis ma vinaigrette
Clip clip, je vois des images qui bougent
Flip flip, j'en ai les yeux tout rouges
Bip bip, j'ai les jambes réveillées
Hip hip, pour que j'aille travailler
Des fois je vis des hauts
Des fois je vis des bas
Mais la plupart du temps
Je vie ma vinaigrette (2x)
Si tu veux mon avis
Vie ta vie
Vie ta vie ta vinaigrette
Si tu veux mon ami
Vis ta vie
Vis ta vie ta vinaigrette
Des fois je vis des hauts
Des fois je vis des bas
Mais la plupart du temps
Je vie ma vinaigrette
Des fois je vire de bord
Des fois j'vire à l'envers
Mais la plupart du temps
Je vis ma vinaigrette
Des fois je vis haïs
Des fois je vis d'la joie
Mais la plupart du temps
Je vis ma vinaigrette
Des fois je violoniste
Des fois je violoneux
Mais la plupart du temps
Je vis ma vinaigrette
Si tu veux mon ami
Vis ta vie (2x)
Je vis ma vinaigrette
Je vis ma vinaigrette
Si tu veux mon avis
Vie ta vie
Vie ta vie ta vinaigrette
Si tu veux mon ami
Vis ta vie
Vis ta vie ta vinaigrette
Des fois je vis de hauts
Des fois je vis des bas
Mais la plupart du temps
Je vis ma vinaigrette
Des fois je visuel
Des fois je visionnaire
Mais la plupart du temps
Je vis ma vinaigrette
Des fois je vis dans l'air
Des fois je Visconti
Mais la plupart du temps
Je vis ma vinaigrette
Si tu veux mon avis
Vis ta vie
Des fois je vis le Paulin
Des fois je vibrateur
Mais la plupart du temps
Je vis ma vinaigrette
Si tu veux mon avis
Vie ta vie
Vis ta vinaigrette
Je vis ta vinaigrette
Vis ta vinaigrette
Je vis ta vinaigrette (2x).
Vie ta vinaigrette
Marc Drouin
On n'choisit pas toujours la route
Ni même le moment du départ
On n'efface pas toujours le doute
La vieille peur d'être en retard
Et la vie est si fragile
On n'choisit jamais de vieillir
On voudrait rêver un peu plus
La vie n'est pas faite pour mourir
On meurt souvent, bien entendu
Car la vie est si fragile
Est si fragile
Est si fragile
Est si fragile
On n'atteint pas toujours le but
Qu'on s'était fixé autrefois
On n'reçoit pas souvent son dû
La justice choisie où elle va
Et la vie est si fragile
On est seulement ce que l'on peut
On est rarement ce que l'on croît
Aussitôt, on se pense un dieu
Si tôt, on reçoit une croix
Car la vie est si fragile
Est si fragile
Est si fragile
Est si fragile
Le temps est là
Toujours là
Seule justice ici-bas
On est si fragile
On marche sur l'or ou sur l'argile
Dépend de ce qu'on a reçu
On reste tout aussi fragile
Pourquoi donc se marcher dessus?
Car la vie
Car la vie
Est si fragile
Est si fragile
Est si fragile.
Si fragile
Luc De Larochellière Marc Pérusse
Il était une fois des gens heureux
C'était en des temps plus silencieux
Parlez à ceux qui s'en souviennent
Ils savent encore
Les mots des romances anciennes
Où ça disait toujours "le monde est beau"
Il était une fois des gens heureux
Qui disaient toutes choses avec les yeux
Leurs yeux doublaient de confiance
En l'univers immense
Qu'ils disaient béni de Dieu
Il était une fois des gens de paix
Mais vers les années de vent mauvais
À table il y eut des chaises vides
Aux yeux vinrent les rides
Il ne resta plus rien de vrai
Il ne faut pas chercher à savoir
Où s'en va le temps
Il s'en va pareil aux glaces dans le Saint-Laurent
On fait toute la vie
Semblant qu'on va durer toujours
Pareils au fleuve dans son cours
Et c'est peut-être rien que pour ça
Qu'on fait des enfants
Il était une fois des gens heureux
Et tout était si simple et merveilleux
Y avait le ciel, y avait la terre
C'était quand les mystères
Pouvaient rester mystérieux
Il était une fois des gens heureux
Qui disaient toutes choses avec les yeux
Leurs yeux doublaient de confiance
En univers immense
Et clair, et juste et merveilleux
Un univers béni de Dieu
Il était une fois des gens heureux
C'était en des temps plus silencieux
Parlez à ceux qui s'en souviennent
Ils savent encore les mots
Des romances anciennes
Où ça disait toujours
"Le monde est beau"
"Le monde est beau"
"Le monde est beau"
Auteurs-compositeurs : Stephane Venne, Claude Paul Denjean
INT. BAZAR - JOUR
Des objets abandonnés, hétéroclites et intrigants.
Yves et Marc longent les allées.
Yves trouve un bibelot en porcelaine sur une étagère, une
horreur. Il le prend, le considère.
MARC
T’es-tu connu, mettons?
Yves se tourne vers lui, étonné, le sourire aux lèvres.
YVES
Quoi?
MARC
En tant que poète.
YVES
Ça existe pas, des poètes connus!
Yves prend un autre bibelot, le tend à Marc.
MARC
Ben... Miron.
YVES
Ouin.
MARC
Gauvreau. Pis euh... Godin?
YVES
Oui, bon, ça existe pus d’abord.
MARC
Ça te fait tu chier?
YVES
De quoi? De pas être connu? Comme Madonna mettons?
Marc rit.
MARC
Genre...
Ils se remettent en marche dans les allées.
YVES
Si je voulais être connu, je me suis vraiment trompé de vocation.
MARC
À quoi ça sert? Je veux dire, à quoi ça sert de faire de la poésie si y a pas grand-monde qui te lit?
YVES
Je le fais pour ceux qui me lisent pas.
MARC
(étonné et curieux)
Hein?
YVES
Comme les soeurs dans un couvent. Elles prient pour ceux qui ont pas le temps de prier.
Marc le regarde, il sourit.
Extrait du film À tous ceux qui ne me lisent pas
un scénario de Guillaume Corbeil et Yan Giroux
Du solstice d'hiver à la Saint-Jean-Baptiste
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