Du solstice d’hiver jusqu'à la Saint-Jean-Baptiste, un texte de chanson, je vous livre un extrait d'une pièce de théâtre, de littérature ou d'un film, tous provenant du grand patrimoine culturel québécois afin que les paroles de nos artistes voyagent partout dans nos têtes et nos cœurs.
Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver
Mon jardin, ce n'est pas un jardin, c'est la plaine
Mon chemin, ce n'est pas un chemin, c'est la neige
Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver
Dans la blanche cérémonie
Où la neige au vent se marie
Dans ce pays de poudrerie
Mon père a fait bâtir maison
Et je m'en vais être fidèle
À sa manière, à son modèle
La chambre d'amis sera telle
Qu'on viendra des autres saisons
Pour se bâtir à côté d'elle
Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver
Mon refrain, ce n'est pas un refrain, c'est rafale
Ma maison, ce n'est pas ma maison, c'est froidure
Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver
De ce grand pays solitaire
Je crie avant que de me taire
À tous les hommes de la terre
Ma maison, c'est votre maison
Entre ses quatre murs de glace
Je mets mon temps et mon espace
À préparer le feu, la place
Pour les humains de l'horizon
Et les humains sont de ma race
Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver
Mon jardin, ce n'est pas un jardin, c'est la plaine
Mon chemin, ce n'est pas un chemin, c'est la neige
Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver
Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'envers
D'un pays qui n'était ni pays ni patrie
Ma chanson, ce n'est pas ma chanson, c'est ma vie
C'est pour toi que je veux posséder mes hivers
« Nos campagnes électorales sont d’un ennui mortel, nos politiciens tristes à mourir. Il y a une raison à cela. C’est qu’ils ne sont pas drôles, tout simplement, ils s’en vont sans idées nouvelles, sans élan créatif. Aucun énoncé politique ne provoque l’adhésion festive et ludique, il n’y a que les journalistes spécialisés pour trouver la politique canadienne contemporaine d’un quelconque intérêt. Je rêve d’un humain politique dont les discours et les conférences de presse seraient courus pour le caractère exceptionnel de leur contenu. Un homme ou une femme politique qui nous amènerait ailleurs.
Sous mon gouvernement, les enfants deviendraient une priorité nationale, les vieux et les vielles aussi, je me préoccuperais des ours noirs, des souris des bois, de la couleur des autobus, je donnerais des amendes au canal D chaque fois qu’il diffuserait un documentaire sur un meurtre non résolu au Minnesota, j’interdirais la présence du clown Ronald McDonald sur le territoire canadien (les enfants étant une priorité), et, tant qu’à y être, j’aurais mon plan vert. Sous mon gouvernement, les moteurs à piston deviendraient illégaux, les voitures automobiles aussi, nous importerions massivement des ânes du Cotentin pour assurer le transport des marchandises, la mobilité des personnes et les interventions ambulancières. Bref, je ralentirais la cadence tout en mettant un peu de piquant dans les débats publics. L’espace me manque pour exposer tous les tournants de ma pensée politique. »
Extrait du livre
C’était au temps des mammouths laineux
Serge Bouchard
lien audio vers le chapitre : https://ici.radio-canada.ca/ohdio/livres-audio/105710/c-etait-au-temps-des-mammouths-laineux/7619198-0
Audio intégral : https://ici.radio-canada.ca/ohdio/livres-audio/105710/c-etait-au-temps-des-mammouths-laineux
J'ai dans la tête un vieux sapin, une crèche en d'sous
Un Saint-Joseph avec une canne en caoutchouc
Était mal faite pis j'avais frette-ette
Quand je r'venais d'passer trois heures dans un igloo
Qu'on avait fait deux ou trois gars chez Guy Rondoux
J'ai d'vant les yeux, quand j'suis heureux, une sorte de jeu
Qu'on avait eu, une sorte de grange avec des bœufs
La même année où j'ai passé-é
Le temps des fêtes avec su'a tête une tuque d'hockey
Parce que j'voulais me faire passer pour Doug Harvey
23 décembre "joyeux Noël, monsieur Côté"
"Salut ti-cul, on se r'verra le sept janvier"
J'ai sur le cœur un jour de l'An où mes parents
Pensant bien faire, m'avaient habillé en communiant
Chez ma grand-mère, c'était mon père-ère
Qui s'déguisait en Père Noël pour faire accroire
Que les cadeaux, ça v'nait pas tout' de Dupuis Frères
23 décembre "joyeux Noël, monsieur Côté"
"Salut ti-cul, on se r'verra le sept janvier"
Ça m'tente des fois d'aller la voère pis d'y parler
Fée des étoiles, j'peux-tu avoère un autre hockey?
J'ai perdu l'mien, beau sans-dessein-ein
J'l'ai échangé contre des photos où on voé rien
Une fille de dos qui s'cache les fesses avec les mains
23 décembre "joyeux Noël, monsieur Côté"
"Salut ti-cul, on se r'verra le sept janvier"
23 décembre "joyeux Noël, monsieur Côté"
"Salut ti-cul, on se r'verra le sept janvier-er"
Beau Dommage
Michel Rivard Pierre Huet
C'était un soir comme celui-ci, la veille du jour de l'an, il y a de cela trente-quatre ou trente-cinq ans.
Les camarades et moi, nous prenions un petit coup à la cambuse. Mais si les petits ruisseaux font les grandes rivières, les petits verres finissent par vider les grosses cruches, et, dans ces temps-là, on buvait plus sec et plus souvent qu'aujourd'hui. Il n'était pas rare de voir finir les fêtes par des coups de poings et des tirages de tignasse.
La jamaïque était bonne -pas meilleure que ce soir- mais elle était bougrement bonne, je vous le persuade !
J'en avais bien lampé une demi-douzaine de petits gobelets, pour ma part; et sur les onze heures, je vous l'avoue franchement, la tête me tournait, et je me laissai tomber sur ma robe de carriole pour faire un petit somme, en attendant l'heure de sauter à pieds joints, par-dessus la tête d'un quart de lard, de la vieille année dans la nouvelle, comme nous allons le faire ce soir sur l'heure de minuit, avant d'aller chanter la guignolée et souhaiter la bonne année aux hommes du chantier voisin.
Je dormais donc depuis assez longtemps, lorsque je me sentis secouer rudement par le boss des piqueurs, Baptiste Durand, qui me dit :
- Joe, minuit vient de sonner, et tu es en retard pour le saut du quart. Les camarades sont partis pour faire leur tournée, et moi je m'en vais à Lavaltrie voir ma blonde. Veux-tu venir avec moi ?
À Lavaltrie ! lui répondis-je, es-tu fou ? Nous en sommes à plus de cent lieues. Et d'ailleurs, aurais-tu deux mois pour faire le voyage, qu'il n'y a pas de chemin de sortie, dans la neige. Et puis, le travail du lendemain du jour de l'an ?
- Animal ! répondit mon homme, il ne s'agit pas de cela. Nous ferons le voyage en canot d'écorce, à l'aviron, et demain matin, à six heures, nous serons de retour au chantier.
Je comprenais.
Mon homme me proposait de courir la chasse-galerie, et de risquer mon salut éternel pour le plaisir d'aller embrasser ma blonde au village. C'était raide. Il était bien vrai que j'étais un peu ivrogne et débauché, et que la religion ne me fatiguait pas à cette époque, mais vendre mon âme au diable, ça me surpassait.
Extait du conte : La chasse-galerie
Honoré Beaugrand (1848-1906)
T'aurais ri si t'aurais vu ta Rita roter ton ragoût
T'aurais compris que, malgré tout, la politesse, ça bouche un trou
T'aurais mal pris voir l'oncle René s'décrotter l'nez pendant l'souper
T'aurais retourné, l'ventre revirer voir ta famille si bien élevée
Mangeons (mangeons) du bon ragoût
C'est un mets bien d'chez nous
C'est en lichant ton couteau qu'tu t'es coupé la lèvre d'en haut
C'est en ramassant ta fourchette que t'as vomi dans ton assiette
C'est en passant la poivrière qu't'as éternué dans face d'Albert
Pis c'est en parlant la bouche pleine que t'as craché dans l'plat d'la chienne
Mangeons (mangeons) du bon ragoût
C'est un mets bien d'chez nous
Là-bas, là-bas (et allons faire un tour dans la grange)
Là-bas, là-bas
Là-bas
(La casse) Viens danser
Toutes les menteries qu'j'ai appris à réciter quand j'étais petit
Pis les leçons de bienséance qui sont venues fucker mon enfance
Me sont très utiles aujourd'hui pour faire caca pis faire pipi
On m'a fait manger du papier pour que j'puisse chier tout enveloppé
Buvons (buvons) du Caribou
Et vive les malotrus !
Chanson : La Bienséance
Paroliers : Stephen Faulkner / Latraverse Plume
NOIR
Un soufflement étrange mais doux à l’oreille occupe l’espace sonore. Des bruits sourds de battements de cœur et de clapotis de vagues l’accompagnent.
Une image abstraite à dominante rouge et aux formes mouvantes apparaît. Puis, lentement, on distingue un fœtus humain. Il remue doucement, porté et bercé par le liquide amniotique.
Une musique de Noël se met à jouer en sourdine.
NARRATEUR (V.O.)
D’aussi loin que je me rappelle, j’ai
toujours détesté Noël!
Le fœtus fait la moue et se met à pousser sur les parois de l ’enveloppe utérine.
INT. NUIT – SALON – BUNGALOW BEAULIEU (1960)
La musique de Noël se poursuit, plein volume.
Une femme d ’allure soignée, LAURIANNE BEAULIEU, 34 ans, enceinte jusqu’aux yeux, se prend le ventre, surprise par la force de son bébé à venir. Elle se tient debout, près de la cuisine, à ne rien faire sinon savourer le bonheur de regarder ses HOMMES:
GERVAIS BEAULIEU, 35 ans, les tempes grisonnantes, est à genoux au pied d ’un sapin de Noël artificiel à assembler un circuit de course automobile miniature en compagnie
de ses trois fils...
Extrait du scénario du film C.R.A.Z.Y.
Auteur : Jean-Marc Vallée
Tout m’avale. Quand j’ai les yeux fermés, c’est par mon ventre que suis avalée, c’est dans mon ventre que j’étouffe. Quand j’ai les yeux ouverts, c’est par ce que je vois que je suis avalée, c’est dans le ventre de ce que je vois que je suffoque. Je suis avalée par le fleuve trop grand, par le ciel trop haut, par les fleurs trop fragiles, par les papillons trop craintifs, par le visage trop beau de ma mère. Le visage de ma mère est beau pour rien. S’il était laid, il serait laid pour rien. Les visages, beaux ou laids, ne servent à rien. On regarde un visage, un papillon, une fleur, et ça nous travaille, puis ça nous irrite. Si on laisse faire, ça nous désespère. Il ne devrait pas y avoir de visages, de papillons, de fleurs. Que j’aie les yeux ouverts ou fermés, je suis englobée : il n’y a plus assez d’air tout à coup, mon cœur se serre, la peur me saisit.
Extrait du roman : L’avalée des avalés
Réjean Ducharme
Rivière-Ouelle. Me raccrocher à ce nom de village, comme à une bouée. (Le dernier village avant Kamouraska.) Tenter de faire durer le temps (cinq ou six milles avant Kamouraska). Etirer le plus possible les premières syllabes fermées de ri-vi-, les laisser s'ouvrir en è-re. Essayer en vain de retenir Ouelle, ce nom liquide qui s'enroule et fuit, se perd dans la mousse, pareil à une source. Bientôt les sonorités rocailleuses et vertes de Kamouraska vont s'entrechoquer, les unes contre les autres. Ce vieux nom algonquin; il y a jonc au bord de l'eau. Kamouraska!
Je joue avec les syllabes. Je les frappe très fort, les unes contre les autres. Couvrir toutes les voix humaines qui pourraient monter et m'attaquer en foule. Dresser un fracas de syllabes rudes et sonores. M'en faire un bouclier de pierre. Une fronde élastique et dure. Kamouraska! Kamouraska! Il y a jonc au bord de l'eau!
Extrait du roman Kamouraska
Auteur: Anne Hébert
Tout le monde est invité
Gens d'ailleurs et gens d'ici
De Pékin et de Paris
Gens des plus biens cotés
Et puis dansez aussi
Samedi soir à Saint-Dilon, y avait pas grand-chose à faire
On a dit "on fait une danse, on va danser chez Bibi"
On s'est trouvé un violon, un salon, des partenaires
Pis là la soirée commence c'était vers 7h30
Entrez mesdames, entrez messieurs
Marianne a sa belle robe et puis Rolande a ses yeux bleus
Yvonne a mis ses souliers blancs, son décolleté puis ses beaux gants
Ça aime à faire les choses en grand, ça vient d'arriver du couvent
Y a aussi Jean-Marie, mon cousin puis mon ami
Qu'a mis son bel habit, avec ses petits souliers vernis
Le voilà mis comme on dit comme un commis-voyageur
Quand tu danses à Saint-Dilon, c'est pas pour les embrassages
C'est au réel puis ça va vite, il faut pas passer des pas
Il faut bien suivre le violon si vous voulez pas être sage
Aussi bien partir tout de suite y a ni temps ni place pour ça
Tout le monde balance et puis tout le monde danse
Jeanne danse avec Antoine et pis Jeanette avec Raymond
Ti-Paul vient d'arriver avec Thèrese à ses côtés
Ça va passer la soirée à faire semblant de s'amuser
Et ça s'ennuie de Jean-Louis son amour et son ami
Qui est parti gagner sa vie l'autre bord de l'île Anticosti
Est parti un beau samedi comme un maudit malfaiteur
Ont dansé toute la soirée, oui le Brandy puis la Plongeuse
Et le Corbeau dans la cage et puis nous voilà passé minuit
C'est Charlie qui a tout calé, a perdu son amoureuse
Y s'est fait mettre en pacage par moins fin mais plus beau que lui
Un dernier tour, la chaîne des dames avant de partir
A m'a serré la main plus fort, a m'a regardé j'ai perdu l'pas
Dimanche au soir après les Vêpres, j'irai-t'y bien j'irai-t'y pas
Un petit salut passé tout droit, j'avais jamais viré comme ça
Me voilà tout étourdie, mon amour et mon ami
C'est ici qu'il s'est mis à la tourner comme une toupie
Elle a compris puis elle a dit mardi, non, jeudi
J'vais y penser, ça ferait ti ton bonheur
Quand un petit gars de St-Dilon prend sa course après une fille
Il la fait virer si vite qu'elle ne peut plus s'arrêter
Pour un petit air de violon, a' vendrait toute sa famille
À penser qu'samedi en huit il pourrait peut être la réinvite
Puis là ôte ta capine, pis swing la mandoline
Et puis ôte ton jupon, puis swing la madelon
Swing la fort puis tords-y le corps
Puis fais-y voir que t'es pas mort
La danse à St-Dilon
Gilles Vigneault
Il est pas si tant tellement grand le monde.
La Terre est grande mais le monde est petit ...
D'abord faut savoir que la Terre c'est une boule
toute ronde
comme une pomme
sauf qu'elle a pas de queue
(c'est pas grave qu'elle aye pas de queue
mais c'est un petit peu embêtant pour nous
on peut jamais savoir quand elle est contente).
En tout cas elle est ronde, ça c'est sûr.
Y a des drôles qui la trouvent plate
mais c'est pas vrai ...
il arrive tant tellement de choses sur la Terre
elle a pas le temps d'être plate
il en arrive il en arrive
surtout du monde
tous les jours il en arrive
c'est pour ça qu'on voye plein de monde partout ...
Mais ça veut pas dire que tout le monde se connaît
non
c'est pluss complexé que ça
passque la Terre comme c'est une boule elle roule
elle roule dans l'expace, elle tourne,
chaque jour elle fait le tour du monde
mais le monde, lui, il tourne pas
il s'agitationne, il se bousculine, mais il tourne pas
il tourne pas rond
c'est bien connu.
Il est pas fou le monde, il veut pas perdre la boule
alors il reste à la même place ...
seulement comme il est innombreux
il est partout partout autour de la boule
alors forcément y en a qui ont le dessus
et d'autres qui ont le dessous.
Ceux qui ont le dessus sont drôlement bien
c'est les États riches
les Établis
les États bien les
États munis.
Ceux-là ils ont tout, ils manquent de rien
et le reste ils l'inventairent.
Et ils ont pas le temps de s'ennouiller
ils s'invitationnent ils sont toujours à table
une belle grande instable avec des pattes de velours
couverte d'une belle grande nappemonde
avec plein d'occidentelle partout.
Ceux d'en dessous alors là c'est pas pareil
surtout pour dormir c'est pas commode
avec ceux d'en haut qui leur tapent sur la tête.
Ils arrêtent pas d'avoir la tête en bas
ceux d'en dessous
alors quand ils veulent garder un pied à terre
c'est toute une hixtoire
Mais ils restent là quand même
pas question de laisser tomber
passqu'ils sont fiers
c'est le FIER MONDE ...!
Y en a qui disent waff le fier monde ça compte pas
il se passe rien ...
Ouille! Faut pas connaître le fier monde pour dire ça.
II s'en passe des choses!
Surtout quand ceux d'en haut ont fini de manger
et qu'ils secouillonnent la nappemonde
ils secouillonnent, ils secouillonnent
et les miettes se mettent à tomber
et comme la Terre est ronde
la plusspart du temps ça passe tout droit
alors ceux d'en dessous ils s'en passent
des choses!
Ils se passent de tout!
Mais le fier monde ça le dérange pas vraiment
il est habitouillé, il s'en fait pas,
d'ailleurs jamais il s'énervouille, jamais il est pressé,
il déménage ses efforts
et pourtant
il arrive toujours à rejoindre
les deux bambous ...
Il s'en fait pas il sait vivre.
Par exemple le matin quand il se lève
la première chose qu'il fait sans se presser
il prend son café
et il le plante!
Pousse café, pousse café, pousse pousse ...!
Ensuite il prend sa canne en sucre et il s'en va au champ
et là il chante
très complètement patient et curieux
toute la journée penché sur les petites plantes ...
Jamais pressé
le fier monde
c'est comme pour manger
il peut attendre des mois des mois ...
D'ailleurs il mange prexe pas:
il coupe le poivre en deux
il met de l'eau dans son bain
il fait la disette
gentiment
en famine ...
Le fier monde c'est la pluss grande sobriété
de consommation !
Extrait du monologue Le fier monde
Marc Favreau
Préparons-nous son père pour l'fêter l'jour de l'an
J'vas faire des bonnes tourtières
Un bon ragoût d'lancien temps
C'est dans l'temps du jour de l'an
On s'donne la main, on s'embrasse
C'est l'bon temps d'en profiter
Ça arrive rien qu'une fois par année
Peinture ton cutter, va ferrer ta jument
On ira voir ta soeur dans l'fond du cinquième rang
C'est dans l'temps du jour de l'an
On s'donne la main, on s'embrasse
C'est l'bon temps d'en profiter
Ça arrive rien qu'une fois par année
Va t'acheter une perruque, fais toé poser des dents
C'est vrai qu't'as rien qu'moé à plaire
Mais tu s'rais plus ragoûtant
C'est dans l'temps du jour de l'an
On s'donne la main, on s'embrasse
C'est l'bon temps d'en profiter
Ça arrive rien qu'une fois par année
Dis bien à ton n'onc' Nazaire
Douè venir au jour de l'an
Mont'z'y ton savoir faire
Comme tu dansais dans ton jeune temps
C'est dans l'temps du jour de l'an
On s'donne la main, on s'embrasse
C'est l'bon temps d'en profiter
Ça arrive rien qu'une fois par année
Tâche pas de perdre la tête
Comme t'as fait il y a deux ans
T'as commencé à voir clair
Quand t'avais pus d'argent
C'est dans l'temps du jour de l'an
On s'donne la main, on s'embrasse
C'est l'bon temps d'en profiter
Ça arrive rien qu'une fois par année
Y'en a qui vont prendre un verre
Y vont profiter de c'temps là
Aujourd'hui, ça coûte si cher
Y'a pas d'monde qui travaille pas
C'est dans l'temps du jour de l'an
On s'donne la main, on s'embrasse
C'est l'bon temps d'en profiter
Ça arrive rien qu'une fois par année
Il y en a qui sentent la pipe
Et d'autres qui sentent les oignons
J'aime ben mieux vous le dire tout de suite
La plupart sentent la boisson
C'est dans l'temps du jour de l'an
On s'donne la main, on s'embrasse
C'est l'bon temps d'en profiter
Ça dure rien qu'une fois par année
Le jour de l’an
La Bolduc
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