Du solstice d'hiver à la Saint-Jean-Baptiste

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Du solstice d'hiver à la Saint-Jean-Baptiste

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Du solstice d’hiver jusqu'à la Saint-Jean-Baptiste, un texte de chanson, je vous livre un extrait d'une pièce de théâtre, de littérature ou d'un film, tous provenant du grand patrimoine culturel québécois  afin que les paroles de nos artistes voyagent partout dans nos têtes et nos cœurs.  

1er janvier

Le plus beau voyage

J'ai refait le plus beau voyage
De mon enfance à aujourd'hui
Sans un adieu, sans un bagage
Sans un regret ou nostalgie

J'ai revu mes appartenances
Mes 33 ans et la vie
Et c'est de toutes mes partances
Le plus heureux flash de ma vie

Je suis de lacs et de rivières
Je suis de gibier, de poissons
Je suis de roches et de poussières
Je ne suis pas des grandes moissons
Je suis de sucre et d'eau d'érable
De Pater Noster, de Credo
Je suis de dix enfants à table
Je suis de janvier sous zéro

Je suis d'Amérique et de France
Je suis de chômage et d'exil
Je suis d'octobre et d'espérance
Je suis une race en péril

Je suis prévu pour l'an 2000
Je suis notre libération
Comme des millions de gens fragiles
À des promesses d'élection

Je suis l'énergie qui s'empile
D'Ungava à Manicouagan
Ah, ah, ah
Je suis Québec mort ou vivant
Ah, ah, ah, ah
Ah, ah, ah
Ah, ah, ah, ah
Je suis Québec mort ou vivant 


Le plus beau voyage

Claude Gauthier

2 janvier

L’an 1834 (Poésies choisies)

Encore un an de passé sur le monde;

La liberté fit crouler un tyran.

Si je vois bien dans la sphère profonde, 

L'astre des rois s'éclipse à son couchant. 

Peuples, pour nous, c'est un heureux présage, 

Quand le loup dort les bergers sont en paix.

Chantons ! le jour de l'esclavage

Va disparaître pour jamais.

La liberté, fuyant de ses domaines,

Errait en pleurs dans l'ombre des forêts; 

Elle entendait au loin le bruit des chaînes, 

Et la torture armer ses chevalets.

Mais de ces temps de pleurs et de misères, 

Le règne, enfin, pour le peuple est passé.

Chantons! au bruit confus des verres,

Car notre règne est commencé.

Les rois voulaient à la jeune Amérique 

Faire aussi don et du sceptre et des fers; 

Mais le lion, broyant leur rouille antique, 

De leurs débris parsemait les déserts.

Ces hochets d'or sont bons pour des esclaves, 

Se disait-il dans sa juste fureur

Chantons! et que la voix des braves 

Répète ce refrain en choeur.

Ô Canada! ton ciel est plein d'orages! 

Mais ne crains point l'approche des tyrans; 

L'aquilon seul dans son char de nuages 

Renverserait leurs pavois chancelants. 

Seul l'homme libre admire nos tempêtes, 

Et sait braver en tout temps leur courroux.

Chantons! car jamais dans nos fêtes

L'alguasil n'entrera chez nous.


Titre : L’an 1834 (Poésies choisies)

Auteur : François-Xavier Garneau

3 janvier

Je suis une maudite sauvagesse

préambule


Dans mon livre, il n’y a pas de parole de Blancs. Quand j’ai songé à écrire pour me défendre et pour défendre la culture de mes enfants, j’ai d’abord bien réfléchi, car je savais qu’il ne fait pas partie de ma culture d’écrire et je n’aimais pas tellement partir en voyage dans la grande ville à cause de ce livre que je songeais à faire. Après avoir bien réfléchi et après avoir une fois pour toutes pris, moi une Indienne, la décision d’écrire, voici ce que j’ai compris: toute personne qui songe à accomplir quelque chose rencontrera des difficultés mais en dépit de cela, elle ne devra jamais se décourager. Elle devra malgré tout constamment poursuivre son idée. Il n’y aura rien pour l’inciter à renoncer, jusqu’à ce que cette personne se retrouve seule. Elle n’aura plus d’amis mais ce n’est pas cela non plus qui devra la décourager. Plus que jamais, elle devra accomplir la chose qu’elle avait songé à faire. 


Schefferville, septembre 1975


1 – kauapishit ushkat ka takushinit nitassinat 

Kauapishit ka ui apashtat kie ka ui pikunak nitassinannu, apu ut natuenitamuat auennua kie apu ut kukuetshimat innua miam tshetshi tapuetakukue. Kauapishit ka ui apashtat nitassinannu kie ka ui pikunak, apu ut minat innua mashinaikanuiannu tshetshi mashinatautishuniti tiapuetakut tshetshi apashtat kie tshetshi pikunak nutim eshpishanit nitassinannu, muku uin natshishk tshetshi pakassiuatshet. Kauapishit ka ui tutuat innua tshetshi ishinniuniti miam kauapishiniti, apu ut kukuetshimat innua kie apu ut minat innua mashinaikanuiannu tshetshi mashinatautishuniti tiapuetakut innua tshe ishpish inniuniti tshetshi nakataminiti utinniunnu.


1 – L’arrivée du blanc dans notre territoire


Quand le Blanc a voulu exploiter et détruire notre territoire, il n’a demandé de permission à personne, il n’a pas demandé aux Indiens s’ils étaient d’accord. Quand le Blanc a voulu exploiter et détruire notre territoire, il n’a fait signer aux Indiens aucun document disant qu’ils acceptaient qu’il exploite et qu’il détruise tout notre territoire afin que lui seul y gagne sa vie indéfiniment. Quand le Blanc a voulu que les Indiens vivent comme des Blancs, il ne leur a pas demandé leur avis et il ne leur a rien fait signer disant qu’ils acceptaient de renoncer à leur culture pour le reste de leurs jours.


Extrait de 

eukuan nin matshi-manitu innushkueu 

je suis une maudite sauvagesse 


Auteur : An Antane Kapesh

Édité et préfacé par Naomi Fontaine

Traduction française de José Mailhot

4 janvier

C'est dans les chansons

Du Petit bonheur jusqu'au Tour de l'île

Félix a semé, tout a commencé

Vigneault a grandi avec mon pays

C'est en l'écoutant que les gens d'ici

Se sont reconnus, se sont retrouvés

Un coeur dans la voix de nos chansonniers


Car c'est dans les chansons qu'on apprend la vie

Y a dans les chansons beaucoup de leçons

C'est dans les leçons qu'on apprend à lire

Mais c'est dans le lit qu'on vit les chansons d'amour

Et c'est en amour qu'on fait des chansons


De Feuille de gui jusqu'au petit roi

Jean-Pierre a donné aux gens de chez moi

L'espoir d'arriver juste un peu plus loin

On y sera demain en quelques refrains

Et tous les Bozo, Bozo-les-culottes

Auront bien grandi grâce à quelques notes


Car c'est dans les chansons qu'on apprend la vie

Y a dans les chansons beaucoup de leçons

C'est dans les leçons qu'on apprend à lire

Mais c'est dans le lit qu'on vit les chansons d'amour

Et c'est en amour qu'on fait des chansons


C'est dans les chansons qu'on apprend la vie

Y a dans les chansons beaucoup de leçons

C'est dans les leçons qu'on apprend à lire

Mais c'est dans le lit qu'on vit les chansons d'amour

Et c'est en amour qu'on fait des chansons

(Et c'est en amour qu'on fait des chansons).


C’est dans les chansons

Jean Lapointe 

5 janvier

À toi, pour toujours, ta Marie-Lou

Léopold – Ça fait vingt-sept ans que j’travaille pour c’t’écœurant-Ià... Pis j’ai rien que quarante-cinq ans... C’est quasiment drôle quand tu penses que t’as commencé à travailler pour un gars que t’haïs à l’âge de dix-huit ans pis que t’es t’encore là, à le sarvir... Y’en reste encore trop des gars poignés comme moé...


Aujourd’hui, les enfants s’instruisent, pis y vont peut-être s’arranger pour pas connaître c’que j’ai connu... Hostie ! Toute ta tabarnac de vie à faire la même tabarnac d’affaire en arrière de la même tabarnac de machine ! Toute ta vie ! T’es spécialisé, mon p’tit gars ! Remercie le bon Dieu ! T’es pas journalier ! T’as une job steadée ! Le rêve de tous les hommes : la job steadée ! Y’a-tu quequ’chose de plus écœurant dans ’vie qu’une job steadée ? Tu viens que t’es tellement spécialisé dans ta job steadée, que tu fais partie de ta tabarnac de machine ! C’est elle qui te mène ! C’est pus toé qui watches quand a va faire défaut, c’est elle qui watche quand tu vas y tourner le dos pour pouvoir te chier dans le dos, sacrement ! Ta machine, tu la connais tellement, tu la connais tellement, là, que c’est comme si t’étais v’nu au monde avec ! C’est comme si ç’avait été ta première bebelle, hostie ! Quand j’me sus attelé à c’te ciboire de machine-là, j’étais quasiment encore un enfant ! Pis y me reste vingt ans à faire ! Mais dans vingt ans, j’s’rai même pus un homme... J’ai déjà l’air d’une loque... 


Dans vingt ans, mon p’tit gars, c’est pas toé, c’est ta machine qui va prendre sa retraite ! Chus spécialisé ! Chus spécialisé ! Ben le bon Dieu, j’le r’mercie pas pantoute, pis je l’ai dans le cul, le bon Dieu ! Pis à part de ça, c’est même pas pour toé que tu travailles, non c’est pour ta famille ! Tu prends tout l’argent que t’as gagné en suant pis en sacrant comme un damné, là, pis tu la donnes toute au grand complet à ta famille ! Ta famille à toé ! Une autre belle invention du bon Dieu ! Quatre grandes yeules toutes grandes ouvertes, pis toutes prêtes à mordre quand t’arrives, le jeudi soir ! Pis quand t’arrives pas tu-suite le jeudi soir parce que ça te tentait d’avoir un peu de fun avec les chums pis que t’as été boire à’taverne, ta chienne de famille, à mord pour vrai, okay ! Cinq minutes pis y te reste pus une crisse de cenne noire dans tes poches, pis tu brailles comme un veau dans ton lit ! Pis ta famille a dit que c’est parce que t’es saoul ! Pis a va conter à tout le monde que t’es t’un sans-cœur ! Ben oui, t’es t’un sans-cœur ! y faut pas te le cacher, t’es t’un sanscœur !


Extrait de À toi, pour toujours, ta Marie-Lou

Michel Tremblay

6 janvier

Louis Cyr

EXT. “LA DUMP” (LOWELL) 

La foule se disperse, les Irlandais chantant “THE IRISH *ROVER” et les Canadiens français cuvant amèrement leur humiliation. Cyr, quant à lui, a les yeux sur la luxueuse calèche qui disparaît. Le gros rouquin plaque son pied sur le derrière de Pierrot et le pousse par terre.


GROS ROUQUIN

Don’t worry, piss pot, you’ll learn your place in life.

Des Irlandais éclatent de rire... jusqu’à ce que Cyr saisisse et retienne le poignet du gros rouquin. 

Le gros rouquin tente de dégager son bras. En vain.


GROS ROUQUIN (à Cyr)

What gives, Frenchy?

Cyr vient pour parler mais Pierrot le devance en se relevant.


PIERROT

My brother can kick your ass!

Sans lâcher le gros rouquin, Cyr mitraille Pierrot du regard.


CYR

Pierrot, bâtard!

Pierrot désigne une énorme pierre bien enfoncée dans le sol.


PIERROT

Bet you can’t lift that--maudite face de carotte!

Le gros rouquin regarde l’énorme pierre, puis Pierrot.


GROS ROUQUIN

Of course I can’t. 

(à Cyr)

And neither can you.


PIERROT

Wanna bet?!

Cyr relâche le bras du gros rouquin et s’éloigne en faisant signe à Pierrot.


CYR

Come on, toi, on s’en va.


GROS ROUQUIN

Yeah, right--real good at blowing 

smoke up your own asses... 

Pierrot se retourne. Cyr le prend par le cou et continue de s’éloigner. Le gros rouquin se frotte le poignet en jetant un œil méprisant vers Cyr.


GROS ROUQUIN

French Canadians, aye, the scum of the Earth!


Cyr s’arrête net, se retourne vers le gros rouquin. Murmures dans la foule qui s’agglutine autour des deux hommes. Cyr examine la pierre, pas du tout sûr de son coup. Il s’agit d’une énorme masse aux allures de menhir sans véritable prise enfoncée dans la terre. 


Les Canadiens français dans la foule lancent des encouragements. Même le gros rouquin se met de la partie, avec ironie, celui-là. Cyr retire son veston et le fourre dans les bras de Pierrot.

Attiré par la foule frétillante, Mac Sohmer s’approche.


Cyr se penche vers la pierre... l’enserre à deux bras. Ses muscles se tendent... les veines sur son front se gonflent... il force et force à faire craquer ses articulations. La pierre ne bronche pas. 

Échanges de regards, inquiets chez les Canadiens français, rigolos chez les Irlandais.


Cyr force à se fendre l’échine. Son corps se tord en de pénibles torsions qui semblent dégager petit à petit la pierre de la terre. Murmures dans la foule. Pierrot fait oui avec la tête. Cyr pousse un grand cri: “Aaaaargh!” L’immense masse se retrouve sur ses genoux... puis sur son estomac... puis sur son cou... et enfin sur son épaule.


PDV de Cyr: Le temps s’est arrêté. Tous, Canadiens français comme Irlandais, ont les yeux braqués sur lui. Des yeux admiratifs, fascinés, dépassés, conquis.


Cyr pousse un grand cri et rejette la pierre qui s’enfonce dans la terre aux pieds du gros rouquin ahuri. La foule pousse un hurlement triomphal, les Irlandais eux-mêmes n’arrivant pas à contenir leur admiration. À deux mains, Pierrot hisse en l’air le bras de son grand frère qui, les vêtements déchirés, les mains et le torse en sang, reste là, immobile et pantelant, à fixer le vide comme s’il n’arrivait pas lui-même à croire à ce qu’il vient d’accomplir


Mac Sohmer saisit le bras du gros rouquin qui s’éloigne en grimaçant de dépit.


MAC SOHMER

Who the hell is that ?


Extrait du scénario du film : Louis Cyr

Écrit par : Sylvain Guy 

7 janvier

Les insolences du Frère Untel

Il est question d'un Office provincial de la linguistique. J'en suis. LA LANGUE EST UN BIEN COMMUN, et c'est à l'État comme tel de la protéger. L'État protège les orignaux, les perdrix et les truites. On a même prétendu qu'il protégeait les grues. l'État protège les parcs nationaux, et il fait bien : ce sont là des biens communs. LA LANGUE AUSSI EST UN BIEN COMMUN, et l'État devrait la protéger avec autant de rigueur. Une expression vaut bien un orignal, un mot vaut bien une truite.


L'État québécois devrait exiger, par loi, le respect de la langue française, comme il exige, par loi, le respect des truites et des orignaux. l'État québécois devrait exiger, par loi, le respect de la langue française par les commerçants et les industriels, quant aux raisons sociales et quant à la publicité. Sauf erreur, les industries et les commerces importants doivent, un moment ou l'autre, se présenter devant le Gouvernement pour un enregistrement ou une reconnaissance légale. C'est là que le Gouvernement devrait les attendre. "Nommez-vous et annoncez-vous en français, ou bien je ne vous reconnais pas", pourrait-il leur dire en substance. Et alors, on n'aurait plus de Thivierge Électrique, de Chicoutimi Moving, de Turcotte Tire Service, de Rita's Snack Bar, etc... Si seulement ces deux domaines : réclame commerciale et raisons sociales, étaient surveillés avec autant de soin que le parc des Laurentides, la langue serait sauvée par ici. Mais le Gouvernement sera-t-il assez réaliste pour agir en ce sens ? On peut être pratique et manquer de réalisme ; arrivera-t-il enfin un Gouvernement qui ne se contentera pas d'être pratique, i.e. dupe, en fin de compte, mais qui sera réaliste ? Qui nous dira tout le mal que les pratiques nous ont fait, par manque de réalisme ? 


Les congrès, les concours de bon langage, les campagnes sont pratiquement inefficaces. Seul l'État, gardien du bien commun, peut agir efficacement au niveau de la civilisation. C'est à la civilisation de supporter la culture. l'État a la loi et la force pour lui. Nous, les instituteurs, nous n'avons que raison. C'est si peu de chose, avoir raison ; ça ne sert qu'à mourir. Je suis un peu lugubre, n'est-ce pas ?


Extrait du livre Les insolences du Frère Untel (1960) 

Jean-Paul Desbiens 

8 janvier

Comme un fou

C'est drôle, depuis le réveil
J'me sens plus tellement pareil
J'ai du mal à m'regarder
Le miroir me laisse tomber
Y a pourtant d'autres choses qu'un café
Pour m'aider à voir
J'veux noircir de l'eau
Pour blanchir mon cerveau
L'appareil est branché dans mon dos
Et brûle dans ma peau
S'il fallait que tu t'réveilles
Ça ferait deux, toi pis l'soleil
À me r'garder déjeuner
J'me sens devenir étranger
J'sais pas si c'est triste ou drôle
C'est comme si j'perdais l'contrôle
Qu'est-cé q'j'ai là sué épaules
Qu'est-cé qui m'fait changer d'rôle?
J'viens d'sauter dix pieds dins airs
J'vas me r'trouver comme un fou su'a terre
Comme un fou, tout est si clair


Ti li li la ou-da
Ti li li la li da na na
Na na na na na na na


Dites-moi donc quoi faire
J'suis tombé par terre
Au milieu des gens qui n'ont rien remarqué
Si j'pouvais me r'prendre
Avec un peu d'chance
J'pourrais m'arranger pour tomber sué deux pieds


Non, mon p'tit gars, non
C'pas d'même qu'on s'y prend, non
T'as rien qu'à garder la place qu'on t'a donnée
Non, non, mon p'tit gars
Essaie pas d'bouger, non
Sinon tes voisins vont être désenlignés
Dites-moi donc quoi faire
J'suis tombé su'a terre
Au milieu d'un champ qu'on a r'couvert d'acier
Si j'pouvais me r'prendre
Avec un peu d'chance
J'pourrais p't-être tomber que'qu' part de l'autre côté


Non, mon p'tit gars, non
C'pas d'même qu'on apprend, non
T'as rien qu'à r'garder où les autres sont placés
Non, non, mon p'tit gars
Essaie pas d'parler, non
Sinon, va falloir penser à t'enfermer
C'est drôle, depuis le réveil
Tout est fort dans mes oreilles
Même les sons si familiers
Jusqu'aux bruits dans l'escalier
Et même si l'horloge m'a sonné
Pour mieux se faire voir
Être sourd pour une heure
J'voudrais m'entendre le coeur
Le sommeil était mon seul silence
J'suis moins seul quand j'y pense
S'il fallait que j'me réveille
Comme Alice dans ses merveilles
À fixer mes céréales
Comme une vieille boule de cristal
J'sais pas si c'est bleu ou blanc
Au fond d'un diamant
Plus j'suis p'tit, plus c'est grand
J'vas me r'trouver dedans
J'viens d'passer à travers
J'vas me r'trouver comme un fou su'a terre
Comme un fou, tout est si clair


Ti li li na na na (ti li li na na na)
Ti li li la li da na na
Na na na na na na na
Na na ni da ni da
Ti li li la li da na na... 


Comme un fou

Auteurs-compositeurs : Serge Fiori, Michel Normandeau 

9 janvier

Amère America

Moi, j'suis né du bon bord
Du bord de l'Amérique
De l'Amérique du Nord
Le royaume apathique

D'une ville tranquille
Où, à chaque matin
J'bois ma tasse de café
Sans trop me salir les mains
Me salir les mains

Toi, t'es né de l'autre bord
Tout au bord de la mer
Mais ça, c'est tout ce qui te reste
Chaque fois que mon bord s'en mêle

Tu crèves de faim
Au milieu d'un jardin
Où tu cueilles le café
Que j'bois à chaque matin
À chaque matin

Amère America
Amère America
Amère America

Moi, j'suis né du bon bord
Du bord où y a pas de guerre
Là où on peut encore
Camoufler la misère

Après l'dîner
Quand je regarde la télé
J'vois ton bord déchiré
Sans me sentir concerné
Concerné

Toi, t'es né de l'autre bord
C'est la révolution
Pour un oui, pour un non
C'est la disparition

Révolution
Bonne pour l'économique
Car la balle qui te tue
Vient de mon bord d'Amérique
D'Amérique

Amère America
Amère America
Amère America
America

Mais là, t'es couché au bord
Au bord d'un bidonville
Là où y a plus d'espoir
Que sur ma terre d'argile

Car, si un jour
Un monde doit s'écrouler
Dis-toi bien que c'est mon tour
Mon bord, ce sera le premier

Amère America
Amère America
Amère America
Amère America

(Amère) America
Amère America
(Amère) America
(Amère) America
Amère America
(Amère America)
Amère America
Amère America
Amère America
Amère America
Amère America

Auteurs-compositeurs : Marc Perusse, Luc De Larochelliere.

10 janvier

Don Quichotte de la démanche

  

« Si tu pouvais me suivre, ton roman et tout ce qui est greffé, ta vie même, ne te causeraient de problème. Tu serais au-dessus, assis sur le char de feu de ton silence. Ton silence actuel n’est qu’un faux silence, il n’est pas l’œuvre de celui qui a fait le vide en lui mais de celui dont le vide s’est créé en lui. La tragique cloche de verre. Cela, je l’ai compris dès notre première rencontre. J’étais dans l’air, suspendu là depuis le grand commencement, et ça y reste tout le temps, et parfois, comme cette nuit-là qui est aussi celle-ci, les choses montent en l’air, toi par exemple, la rue Sainte-Catherine, ces gens qu’on appelle ou qui furent appelés Ferron, Miron, Ducharme, Frank Scott et qui, dans la transparence du réel, font procession rue Sainte-Catherine, au-dessus, bien au-dessus du Grand Morial, dans un temps autre, de sorte qu’ils ne sont reconnus de personne et que piétons et moteurs leur passent sur le corps sans que rien d’eux puisse être atteint : ils ne sont plus là, ils sont dans l’air, suspendus là depuis le grand commencement, marchant dans leur immobilité sacrée derrière mon vieux cheval sur lequel je suis monté, revêtu de mon armure, mon heaume de carton-pâte scintillant dans le vide, ma lance de bois braquée sur le soleil et mon crochet de fer rouillé devant les yeux. Où allons-nous comme ça, dans notre procession ? Nulle part puisque nous sommes dans l’air, suspendus là depuis le grand commencement. Ce sont des choses qui viennent vers nous. »


Don Quichotte de la démanche

Victor-Lévy Beaulieu

11 janvier

Les uns contre les autres

On dort les uns contre les autres

On vit les uns avec les autres

On se caresse, on se cajole

On se comprend, on se console

Mais au bout du compte

On se rend compte

Qu'on est toujours tout seul au monde

On danse les uns avec les autres

On court les uns après les autres

On se déteste, on se déchire

On se détruit, on se désire

Mais au bout du compte

On se rend compte

Qu'on est toujours tout seul au monde

On dort les uns contre les autres

On vit les uns avec les autres,

On se caresse, on se cajole

On se comprend, on se console

Mais au bout du compte

On se rend compte

Qu'on est toujours tout seul au monde

On danse les uns avec les autres

On court les uns après les autres

On se déteste, on se déchire

On se détruit, on se désire

Mais au bout du compte

On se rend compte

Qu'on est toujours tout seul au monde

Au bout du compte

On se rend compte

Qu'on est toujours tout seul au monde

Toujours tout seul au monde.


Les uns contre les autres

Paroliers : Michel Berger / Luc Plamondon

12 janvier

Le train

J'me lève à chaque matin mais j'suis pas sûr que c'est moi

J'aime autant pas y penser, ça fait longtemps qu'j'ai compris

Qu'on passe à travers sa vie à coups de journées

La seule chose qu'on veut garder c'est l'droit de rêver

La gourmandise des uns fait la famine des autres

Pis on s'met à chialer quand cette famine c'est la nôtre

Quand on regarde vers son passé

On s'rend compte qu'y a rien à oublier

Mais on a peur de s'avancer

Et on se laisse enraciner

Parce qu'on passe à travers sa vie à coups de journées

La seule chose qu'on veut garder c'est l'droit de rêver

La liberté des uns devient la prison des autres

Pis on s'met à chialer quand cette prison c'est la nôtre

Un jour je vais sauter sur un train

Disparaître au bout du chemin

Ou p't-être même embarquer sur un radeau

Et ceux qui pensent que j'vais m'noyer

Oublient qu'j'ai appris à nager, woh, woh

Quand la femme se lève le matin

Elle reconnaît plus son mari

Elle reconnaît plus l'homme qui est en lui

Celui qu'y a longtemps l'avait séduite

Parce qu'il passe à travers sa vie à coups de journées

La seule chose qu'il veut garder c'est l'droit de rêver

La rage de vivre des uns fait souvent faiblesse à d'autres

Pis on s'met à chialer quand cette faiblesse c'est la nôtre

Un jour je vais sauter sur un train

Disparaître au bout du chemin

Ou p't-être même embarquer sur un radeau

Et ceux qui pensent que j'vais m'noyer

Oublient que j'ai appris à nager

Un jour je vais sauter sur un train

Disparaître au bout du chemin

Ou p't-être même embarquer sur un radeau

Et ceux qui pensent que j'vais m'noyer

Oublient que j'ai appris à nager, woh, woh

Un jour je vais sauter sur un train

Disparaître au bout du chemin.


Le train
Vilain Pingouin

13 janvier

L'escargot

Au Japon, par un beau jour d’hiver, un jour de février,
un escargot montait lentement… lentement…
le long du tronc d’un cerisier.
Il rencontra une fourmi qui lui dit :
— Te donne pas cette peine, c’est pas la saison –
y’a pas de cerises sur cet arbre !
L’escargot répondit sans s’arrêter :
— Il y en aura quand j’arriverai 


L'escargot, conte japonais

 Kim Yaroshevskaya 

14 janvier

Les fées ont soif

Chaque personnage est dans son lieu respectif.


La Statue

Je suis le désert qui se récite grain par grain.


Marie

Je file un bien mauvais coton. Est-ce que je pourrais changer de peau ? Est-ce que je pourrais me chercher ailleurs ?


Madeleine

Je pigrasse sur place. La vie me fait cailler.


Les trois ensemble, sur un air de chant grégorien.

Ain ain ain ain 

Ain ain ain ain 

Ainsi sont-elles

Ain ain ain ain 

Ain ain ain ain 

Ainsi sont-elles


La Statue

Je suis le léchage de la dénégation.


Marie

Je suis la sauce à plume de l’objet de vos enquêtes sociologiques.


Madeleine

Je suis une bien vilain sujette.


La Statue

Qui est-ce qui pèse comme ça sur mes épaules ?


Marie

Je suis tannée de prendre des pilules.


Madeleine

J’ai de la misère à me remettre de ma brosse d’hier !


Marie

Qui suis-je qui serai comme si je n’avais jamais été ?


Madeleine

Sur le poêle, le café fait des bruits d’entrailles.


Marie

Entendez-vous la musique des vieilles casseroles trouées ?


La Statue

Les voiles du temple claquent comme de vieux drapeaux mouillés. (Silence). Le temps est lourd ce soir.


Marie

Je m’appelle Marie. Ils glorifient mes maternités, et pourtant moi ils ne peuvent pas me souffrir.


Madeleine

Je suis la celle au grand cœur. Qu’ils disent. Eux. Qui est-ce qui se donne à se faire aimer de moi ?


La Statue

Je suis le désert qui se récite grain par grain. Jour après jour.


Marie 

J’pense que vais prendre des calmants.


Madeleine

J’en ai marre de boire.


Marie

C’est toujours pareil. Y a jamais rien qui change. Moi je pensais que j’ferais mieux que ma mère.


La Statue

Qui ça, moi ?


Marie

Je ne suis pas rendue beaucoup plus loin qu’elle.


Madeleine

Qu’est-ce que tu voudrais qui change ?


Marie, en riant.

Et nous vîment les victimes se mettre à penser.


Elles quittent leur lieu respectif pour aller vers un lieu neutre et chantent ensemble.


Extrait de la pièce Les fées ont soif
Denise Boucher

15 janvier

La chanson des colons

Pour une p'tite chanson 

J'donnerais ma maison 

Comme un sac de pierre 

J'écrase la terre 

Je voudrais m'en aller 

Et voler dans l'horizon 

Mais j'ai c'te maison 

Rivée aux talons. 

Pour écrire, il faut du papier 

Y a pas d'papier chez les colons 

Pour aimer il faut sa moitié 

Y a pas d'moitié chez les colons. 

Moi j'serais en peine d'écrire 

Et j'serais en peine d'aimer 

Je connais pas mes lettres 

Et pas d'visage aimé 

Notre vie, on la roule 

Sur des houles de pays 

On nous sort de la foule 

On nous déboule ici. 

Où c'est qu'on va poser not' pieu 

Défaire nos hardes et être heureux 

Oh sainte vierge mère de Dieu 

V'nez donc nous aider un p'tit peu. 

Et des mouches et des souches 

Et des frousses à la tonne 

Le paradis qu'on dit 

Est derrière l'abattis 

On le cherche, on l'appelle, 

On travaille comme des bœufs 

Et le soir, y a plus rien 

Qu'deux étoiles dans les cieux. 

Coli Colo colonisons 

Pour tous les fistons qui viendront 

Chapi chapeau, y a pas d'moisson 

Sans sueur des fronts et sans colons.


La chanson des colons

Félix Leclerc

16 janvier

Vie ta vinaigrette

Des fois je vis des hauts

Des fois je vis des bas

Mais la plupart du temps

Je vie ma vinaigrette

Des fois je Vivaldi

Des fois je vichyssoise

Mais la plupart du temps

Je vis ma vinaigrette

Quand j'suis née

J'ai pleuré

Quelqu'un venait de couper

Le cordon de mon walkman

En-suite on m'a donné

Une claque sur les fesses

Et puis on m'a demandé

Fumeur ou non fumeur

Des fois je vis des hauts

Des fois je vis des bas

Mais la plupart du temps

Je vie ma vinaigrette

Des fois je vitamine

Des fois je vitago

Mais la plupart du temps

Je vis ma vinaigrette

J'ai grandi

J'suis tombé dans T.V

Depuis ce temps là

Je bande dessiné

Quand j'ai envie d'un peu d'action

Je pitonne tout les boutons

De ma télévision

Je vie tout les vis de Miami

J'me tape toute les pitounes de dynastie

De temps en temps j'me trompe de canal

J'me retombe à Montréal dans petite vie normale

Des fois je vis des hauts

Des fois je vis des bas

Mais la plupart du temps

Je vie ma vinaigrette

Des fois je vire à droite

Des fois je vire à gauche

Mais la plupart du temps

Je vis ma vinaigrette

Je vis ma vinaigrette

Si tu veux mon avis

Vie ta vie

Vie ta vie ta vinaigrette

Si tu veux mon ami

Vis ta vie

Vis ta vie ta vinaigrette

Des fois je vis des hauts

Des fois je vis des bas

Mais la plupart du temps

Je vie ma vinaigrette

Des fois je vitriol

Des fois je vituterre

Mais la plupart du temps

Je vis ma vinaigrette

Des fois je Ville-Marie

Des fois je ville-lumière

Mais la plupart du temps

Je vis ma vinaigrette

Clip clip, je vois des images qui bougent

Flip flip, j'en ai les yeux tout rouges

Bip bip, j'ai les jambes réveillées

Hip hip, pour que j'aille travailler

Des fois je vis des hauts

Des fois je vis des bas

Mais la plupart du temps

Je vie ma vinaigrette (2x)

Si tu veux mon avis

Vie ta vie

Vie ta vie ta vinaigrette

Si tu veux mon ami

Vis ta vie

Vis ta vie ta vinaigrette

Des fois je vis des hauts

Des fois je vis des bas

Mais la plupart du temps

Je vie ma vinaigrette

Des fois je vire de bord

Des fois j'vire à l'envers

Mais la plupart du temps

Je vis ma vinaigrette

Des fois je vis haïs

Des fois je vis d'la joie

Mais la plupart du temps

Je vis ma vinaigrette

Des fois je violoniste

Des fois je violoneux

Mais la plupart du temps

Je vis ma vinaigrette

Si tu veux mon ami

Vis ta vie (2x)

Je vis ma vinaigrette

Je vis ma vinaigrette

Si tu veux mon avis

Vie ta vie

Vie ta vie ta vinaigrette

Si tu veux mon ami

Vis ta vie

Vis ta vie ta vinaigrette

Des fois je vis de hauts

Des fois je vis des bas

Mais la plupart du temps

Je vis ma vinaigrette

Des fois je visuel

Des fois je visionnaire

Mais la plupart du temps

Je vis ma vinaigrette

Des fois je vis dans l'air

Des fois je Visconti

Mais la plupart du temps

Je vis ma vinaigrette

Si tu veux mon avis

Vis ta vie

Des fois je vis le Paulin

Des fois je vibrateur

Mais la plupart du temps

Je vis ma vinaigrette

Si tu veux mon avis

Vie ta vie

Vis ta vinaigrette

Je vis ta vinaigrette

Vis ta vinaigrette

Je vis ta vinaigrette (2x).
 

Vie ta vinaigrette

Marc Drouin

17 janvier

Si fragile

On n'choisit pas toujours la route

Ni même le moment du départ

On n'efface pas toujours le doute

La vieille peur d'être en retard

Et la vie est si fragile

On n'choisit jamais de vieillir

On voudrait rêver un peu plus

La vie n'est pas faite pour mourir

On meurt souvent, bien entendu

Car la vie est si fragile

Est si fragile

Est si fragile

Est si fragile

On n'atteint pas toujours le but

Qu'on s'était fixé autrefois

On n'reçoit pas souvent son dû

La justice choisie où elle va

Et la vie est si fragile

On est seulement ce que l'on peut

On est rarement ce que l'on croît

Aussitôt, on se pense un dieu

Si tôt, on reçoit une croix

Car la vie est si fragile

Est si fragile

Est si fragile

Est si fragile

Le temps est là

Toujours là

Seule justice ici-bas

On est si fragile

On marche sur l'or ou sur l'argile

Dépend de ce qu'on a reçu

On reste tout aussi fragile

Pourquoi donc se marcher dessus?

Car la vie

Car la vie

Est si fragile

Est si fragile

Est si fragile.


Si fragile

Luc De Larochellière Marc Pérusse

18 janvier

Il était une fois des gens heureux

Il était une fois des gens heureux
C'était en des temps plus silencieux
Parlez à ceux qui s'en souviennent
Ils savent encore
Les mots des romances anciennes
Où ça disait toujours "le monde est beau"

Il était une fois des gens heureux
Qui disaient toutes choses avec les yeux
Leurs yeux doublaient de confiance
En l'univers immense
Qu'ils disaient béni de Dieu

Il était une fois des gens de paix
Mais vers les années de vent mauvais
À table il y eut des chaises vides
Aux yeux vinrent les rides
Il ne resta plus rien de vrai

Il ne faut pas chercher à savoir
Où s'en va le temps
Il s'en va pareil aux glaces dans le Saint-Laurent
On fait toute la vie
Semblant qu'on va durer toujours
Pareils au fleuve dans son cours
Et c'est peut-être rien que pour ça
Qu'on fait des enfants

Il était une fois des gens heureux
Et tout était si simple et merveilleux
Y avait le ciel, y avait la terre
C'était quand les mystères
Pouvaient rester mystérieux

Il était une fois des gens heureux
Qui disaient toutes choses avec les yeux
Leurs yeux doublaient de confiance
En univers immense
Et clair, et juste et merveilleux
Un univers béni de Dieu

Il était une fois des gens heureux
C'était en des temps plus silencieux
Parlez à ceux qui s'en souviennent
Ils savent encore les mots
Des romances anciennes
Où ça disait toujours


"Le monde est beau"
"Le monde est beau"
"Le monde est beau"

Auteurs-compositeurs : Stephane Venne, Claude Paul Denjean

19 janvier

À tous ceux qui ne me lisent pas

INT. BAZAR - JOUR

Des objets abandonnés, hétéroclites et intrigants.

Yves et Marc longent les allées.

Yves trouve un bibelot en porcelaine sur une étagère, une

horreur. Il le prend, le considère.

MARC

T’es-tu connu, mettons?

Yves se tourne vers lui, étonné, le sourire aux lèvres.

YVES

Quoi?

MARC

En tant que poète.

YVES

Ça existe pas, des poètes connus!

Yves prend un autre bibelot, le tend à Marc.

MARC

Ben... Miron.

YVES

Ouin.

MARC

Gauvreau. Pis euh... Godin?

YVES

Oui, bon, ça existe pus d’abord.

MARC

Ça te fait tu chier?

YVES

De quoi? De pas être connu? Comme Madonna mettons?

Marc rit.

MARC

Genre...

Ils se remettent en marche dans les allées.

YVES

Si je voulais être connu, je me suis vraiment trompé de vocation.

MARC

À quoi ça sert? Je veux dire, à quoi ça sert de faire de la poésie si y a pas grand-monde qui te lit?

YVES

Je le fais pour ceux qui me lisent pas.

MARC

(étonné et curieux)

Hein?

YVES

Comme les soeurs dans un couvent. Elles prient pour ceux qui ont pas le temps de prier.

Marc le regarde, il sourit.


Extrait du film À tous ceux qui ne me lisent pas 

un scénario de Guillaume Corbeil et Yan Giroux

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