Du solstice d’hiver jusqu'à la Saint-Jean-Baptiste, un texte de chanson, je vous livre un extrait d'une pièce de théâtre, de littérature ou d'un film, tous provenant du grand patrimoine culturel québécois afin que les paroles de nos artistes voyagent partout dans nos têtes et nos cœurs.
Je regarde mes idées
Je les joue à coup de dés
Pour ne plus te retenir
La chandelle s'en est allée
Avec elle, on a coulé
Je veux dormir
Loin de moi, si loin déjà
Loin de moi, si loin déjà
Pourquoi faire, tout foutre en l'air, di li di ya
Pourquoi faire, tout foutre en l'air
Et moi, je perds mon nom
Quand tu me dis non
Ché pu où je suis, qui je suis
Et bien d'autres questions
Le temps redevient long
De la chambre au salon
Ché pu où je suis, qui je suis
Dis-moi où je suis
Dis-moi qui je suis, hey
Eh toi, viens ici, je te pose une question
Dis-moi où je suis
Dis-moi qui je suis, hey
Eh toi, viens ici
Je te pose une question
Je te pose une question
Si je t'offre une journée
Qui n'est plus de cette année
Pourrais-tu la retenir
À descendre et à monter
Je n'sais plus de quel côté
Je peux sortir
Loin de moi, si loin déjà
Loin de moi, si loin déjà
Pourquoi faire, tout foutre en l'air, di li di la
Pourquoi faire, tout foutre en l'air
Et moi, je perds mon nom
Quand tu me dis non
Ché pu où je suis, qui je suis
Et bien d'autres questions
Le temps redevient long
De la chambre au salon
Ché pu où je suis, qui je suis
Dis-moi où je suis
Dis-moi qui je suis, hey
Eh toi, viens ici, je te pose une question
Dis-moi où je suis
Dis-moi qui je suis, hey
Eh toi, viens ici, je te pose une question
Je te pose une question, réponds
Ah, da ya da yi doo la la la
Di li di da ah, da ya da yi doo la la la
Di li di da ah, di de li da yadi you la la la
Di li la.
De la chambre au salon
Harmonium (Serge Fiori)
S’il y eut un jour des bébés Louis Cyr et embryons de Montferrand, si l’histoire du Québec est remplie de ces capables Canadiens français et autres hypertrophiés de la musculature, aucun n’eut pu tenir tête à ce Gélinas nouveau. Un bétail inné. Un défi de livraison à n’importe quelle histoire de cigogne encore lucide. Une question de transport. Petit, et déjà grand. Encore en couche et tellement fort qu’il pétait et que ça ne sentait pas. Ça goûtait.
Frais né, et de puissance surprenante. Les hormones d’homme hors normes. Il mangeait tout ce qui lui passait sous la bouche. Croûte que croûte. Nourrisson de poignées de clous et péteur craint. Un rien de temps qu’il se traça la pièce d’homme dont les mesures dragoniennes dépassèrent celles des plus colossaux. Les proportions étirées au maximum. Et qui herculait devant rien. Qui fit un désastre quand il perdit ses dents de lait. À la dent qui branle, pour faire comme avec les autres, on attachait un fil à la poignée. La porte fermée sec arrachait la gencive sans douleur. Normalement. Parce qu’une fois arrivé son tour, on ne comptait plus le nombre de portes démanchées.
Il vous levait un cheval d’une seule main. Vous tordait le trente sous jusqu’à ce que la face de la reine saigne du nez. Un extrémiste. Mossellement.
Venu au monde si tard, Ésimésac eut seize ans dès son premier anniversaire. À son deuxième, comme cadeau, on l’inscrivit dans la fanfare. Pour remplacer un trompettiste manquant. Il pompa de son mieux mais ne put que pouet. Et fit rire de lui.
— Il faut souffler fort…
Comme un supersonique d’expiration. La démesure poumonique d’un ut de luxe. Il parvint à défriser l’instrument. Et le tuyau de cuivre fendit la colonne musicale. C’est la majorette en jupe qui reçut le cornet derrière la tête. Elle brisa de cris stridents la carrière orchestrale du jeune homme.
À son troisième anniversaire, il atteignit la majorité. Parce qu’on prenait en compte les années d’incubation. Un total de dix-huit ans. Et comme la tradition le veut au passage de cet âge mûr, père et fils se donnèrent la main. En voulant dire. En voulant dire quoi ? Aucune idée. Mais on savait que ça voulait dire beaucoup. C’est une coutume. Par la pince, donc. Comme deux hommes. À se serrer et ne rien dire. Les yeux dans les autres. Jusqu’à ce qu’il force véritablement, le fils. Qu’il montre de quels doigts il se chauffe. Qu’il pressure et qu’à bout de bras, il réussisse à soulever son bonhomme de père de terre. Et que le père, par orgueil minimum, s’adonne à haut-hisser aussi. Et qu’il soulève son cadet. Et qu’ainsi de suite, chacun plus forçant, ils se retrouvent tous les deux en l’air par la poigne de l’autre. Suspendus. Pendant qu’au sol, le niveau de la mère n’en revenait pas. Parce qu’il y a bien des limites à l’attraction de la plus pleine des lunes. Ce furent les pompiers et l’échelle qu’on appela pour que tout ce qui monte doive redescendre. La relation père-fils replancha des vaches à l’heure du souper.
Ça le montre. Ça donne un début d’idée de l’outrance. Ésimésac tenait de l’incroyable. Fort. Et le mot est faible. On peut même se permettre de le dire. D’aller se rhabiller ces boulés de Shwarzenegger et autres guenilles de Stallonerie. Ces modernités qui se construisent des gloires en pellicules cinématographiques. Dans des films de poques et d’épais. Et qui n’arrivent même pas à forcer quand ils rient. Ésimésac ne logeait pas sur du trente-cinq millimètres. Le calibre dépassait le support. On parle ici de nerfs de bittes. Du géantisme. Et si l’autopsie de Victor Delamarre, du lac Bouchette, a confirmé qu’il était fort parce qu’il avait deux colonnes vertébrales, Ésimésac habitait peut-être l’exploit du fait qu’il avait deux cœurs. Une ombre au tableau ?
Non. Justement.
Extrait de Comme une odeur de muscles
Fred Pellerin
J′ai vu à matin
Un vieux robineux
M'a tendu la main
Pour une cenne ou deux
C′pas drôle dans la rue
Quand il faut dormir
Dans les fonds d'ruelles
Ca peut pas être pire
Rien dans l'fond d′l′écuelle
Peux-tu t'en sortir?
Si tous les pognés
Dans leur p′tite misère
Se disaient: "Calvaire!
Y est temps d'arrêter"
Ca irait p′t'être mieux
Un coup d′pied dans l'cul
Ça peut réveiller
Quand personne sait pus
Pourquoi travailler
C'est donc toujours plate
J′ai l′goût de m'en aller quelqu′part
J'voudrais sacrer l′camp
Plus ça va, plus ça devient mort
C'tait plus beau avant
J′aimerais ça être bien chez moi
Sans qu'on m'mange le dos
Laisse-moi donc tranquille a soir
Brailler comme il faut
T′as perdu ta job
Tu sais pus où t′mettre
T'as pus l′air ben sobre
Trois tavernes de faites
Comment va ta vie?
Dépêche-toé bonhomme
Sors vite de ta crasse
Prouve donc que t'es un homme
Pis trouve-toi une place
T′as plus tellement de temps
Mais y'a rien à faire
Les patrons te veulent pus
Tu vaux pus ben cher
T′es tout nu dans la rue
T'es un gars fini!
La maudite machine
Qui t'a avalé
A marche en câline
Faudrait la casser
Faudrait la casser
J′ai l′goût de m'en aller quelqu′part
J'voudrais sacrer l′camp
Plus ça va, plus ça devient mort
C'tait plus beau avant
J′aimerais ça être bien chez moi
Sans qu'on m'mange le dos
Laisse-moi donc tranquille à soir
Brailler comme il faut
La maudite machine
Pierre Flynn, Octobre
Entrent Robichaud et Charbonneau, clochards célestes exilés sur scène, marchant l’un vers l’autre.
Charbonneau est vêtu d’une redingote qui lui donne un air vaguement clownesque, dépenaillé.
Il est tout sourire, candide à mourir, lyrique, poète, un peu curé, romantique à souhait, éternel optimiste.
Robichaud est vêtu d’une jaquette d’hôpital, les fesses à l’air, en pantoufles. Il a mauvaise mine, d’une humeur massacrante, souffrant son martyre à la mort, bête et cassant, suicidaire.
Arrivés au centre de la scène, Robichaud et Charbonneau s’arrêtent. Face à face. Gong. Ils se saluent solennellement en se penchant l’un vers l’autre, puis se tournent face au public.
Trompette d’opérette andalouse et ukulélé.
Ils marchent jusqu’à l’avant-scène, puis s’arrêtent, face au public. La musique se poursuit, mais il ne se passe rien. Leur entrée est hésitante, vraisemblablement ratée.
Ils se regardent du coin de l’œil, changent de place l’un avec l’autre.
Charbonneau sourit au public, Robichaud se croise les bras lui tournant légèrement le dos.
Ils ont tous les deux la nuit blanche étampée dans le visage.
CHARBONNEAU guilleret
Un jour nous sommes venus au monde…
ROBICHAUD cassant
Un jour nous allons nous éteindre.
CHARBONNEAU
Un jour nous avons été gros comme un pou.
ROBICHAUD
Puis nous avons eu des nageoires et les orteils palmés.
CHARBONNEAU
Puis nous avons eu des ailes et nous nous sommes envolés !
ROBICHAUD
Puis nous avons eu des mains.
CHARBONNEAU
Et nous nous sommes balancés d’arbre en arbre !
ROBICHAUD
Et nous sommes tombés au sol.
CHARBONNEAU
Mais nous nous sommes relevés !
ROBICHAUD
Un jour nous nous sommes mis à marcher.
CHARBONNEAU
Un jour nous sommes devenus grands ! Jusqu’à devenir mammouth !
ROBICHAUD
Orignal.
CHARBONNEAU
Ou orang-outang !
ROBICHAUD
Puis un jour nous nous sommes fait écraser.
CHARBONNEAU
Noyer, affamer…
ROBICHAUD
Brûler vifs.
CHARBONNEAU
Exterminer.
ROBICHAUD
Un jour nous mourrons tous.
Silence.
Extrait de La déroute
Dominic Champagne
Du spectacle : Tout ça m'assassine. «courtes pièces sur l'air du temps»
Moi je viens de l'Abitibi
Moi je viens de la Bittt à Tibi
Moi je viens d'un pays
Qui est un arbre fort
Moi je viens d'un pays
Qui pousse dans le Nord
Tam didelam tadlédidelidelam
Dans ce pays qui était comme un oeuf
Le treize février mille neuf cent trente-neuf
Je suis né à Val d'Or en Abitibi
Dans ce pays qui est encore touttt neuf
J'avions connu Harnest Turcotte
Qui vivait entre de beaux bois ronds
Qui parlait aux ârbres et aux taons
Qui chaque matin chaussait ses bottes
Pour aller comme Ti-Jean Hébert
Fendre la forêt avec ses nerfs
Qui n'avait pas de chain saw
Qui avait hache et boxa
Pis des bras durs comme la roche
Pis des cuisses comme des troncs d'arbre
Pis du front tout le tour de la tête
Pis qui n'était pas si bête
En mille neuf cent dix en Abitibi dans mon pays
Colonisé
Tam didelam tadlédidelidelam
Moi je viens de l'Abitibi
Moi je viens de la Bitt à Tibi
Moi je viens d'un pays
Qui a un ventre en or
Moi je viens d'un pays
Où c'que le poisson mord
Quand j'étions petit
J'allions jouer aux bois
Avec les épinettes et les bouleaux
J'aimions gazouiller avec les oiseaux
Quand j'étions petit
Je suivions le ruisseau
Je jouais de l'Harricana
Sur la rivière Harmonica
Je regardions passer les gros chars
Sur ma petite cenne qui venait en or
Dans un banc de neige je creusais maison
Et dans la glace j'écrivais ton nom
Et l'hiver à l'aréna
On patinait touttt en tas
L'été près du lac Blouin
On faisions semblant de rien
On ramassait des bleuets
Qu'on vendait pour presque rien
En mille neuf cent quelques
En Abitibi dans mon pays
Colonisé
Tam didelam tadlédidelidelam
Moi je viens de l'Abitibi
Moi je viens de la Bittt à Tibi
Moi je viens d'un pays qui a un ventre en or
Moi je viens d'un pays où c'qui neige encore
Dans mon pays qu'on dit hors de la carte
Mon oncle Edmond travaillait sous la terre
Mais il creusait dans l'or sa propre mort
Mon oncle Edmond nous a mis sur la carte
Dans mon pays qui a grandi
Il paraît qu'aux tous premiers temps
On y gagnait beaucoup d'argent
Y a de l'or en barre qui dort icitt
Y a même des poignées de porte en or
En cuivre en fer qui vont de l'autre bord
J'aimions jouer dans la fanfare
Pour épater toutes les pétards
Quand j'allions au Château-Inn
Boire et rire avec mes piastres
Je revenions comptant les astres
Au petit matin près de la mine
Tamdidelam tadlédidelidelam
Tam didlididelidelam
En mille neuf cent touttt
En Abitibi dans mon pays
Colonisé à libérer
Tamdidelam tadlédidelidelam
La Bitt à Tibi
Raôul Duguay
– On va commencer betôt les guérêts, m’sieu Branchaud. Mon oncle m’a dit comme ça en partant : « Y faudra labourer le champ en bas de la côte, demain. »
Les deux hommes se turent. Assis tous deux sur leurs chaises accotées contre le mur, en équilibre sur deux pieds, en cadence ils retiraient leur pipe et, se penchant hors de la véranda, lançaient dans les herbes folles un jet de salive. Puis ils reprenaient leur calme posture, les yeux perdus.
Devant eux, autour d’eux, les prés s’étendaient ; la plaine largement étalée et chatoyante, peinte des couleurs crues d’octobre. Les premières gelées matinales avaient enluminé de safran ou de vieil or le damier alterné des champs comme un missel ancien dont l’hiver tournerait bientôt la page terminée. De-ci, de-là, des boqueteaux tiraient l’œil, les saules noirs déjà nus brochant sur les hêtres verts encore. Puis plus loin, en arrière, là où le sol se relevait comme le bord d’une coupe, le long bandeau du bois, symphonie de couleurs fondues dont les basses étaient le vert invincible des résineux, et l’aigu l’écarlate des érables planes qu’on appelle simplement chez nous des plènes. En avant, pas très loin, le même carrelage des champs venait buter sur la haie rousse des aulnes courts dont les déchirures montraient le miroitement métallique de la rivière.
Une buée nacrée baignait le décor. Elle délavait le bleu du ciel et découpait le paysage en plans bizarrement nets : les champs prochains ; puis les bouquets d’arbres percés à jour par la lumière au niveau des troncs. De là le regard sautait le fossé d’un large espace rempli de jour laiteux pour être bloqué par l’horizon hermétique fait de la colline couronnée du violet vaporeux et moiré des bois à quoi était soudé un ciel mat d’automne. Quelque chose comme les décors peints d’un cyclorama.
Mais ni l’un ni l’autre des deux hommes ne voyaient le visage de la terre, ce visage trop maquillé de vieille en qui l’hiver s’insinue déjà. Car leurs bras et non leurs yeux les reliaient à la grande nourricière, leurs bras trapus que le dimanche paralysait et faisait pendre inutiles le long des montants de leur chaise. Les mains seules apparaissaient hors les manches de grosse étoffe, des mains brutes et calleuses, semblables chez ces deux hommes d’âge pourtant différent, tant les mains vieillissent vite à tenir le mancheron, à manier la fourche et la hache. Branchaud, cinquante ans de visage et trente-cinq de corps. Euchariste Moisan, vingt ans ? trente ans ?
– C’est comme qui dirait de la meilleure terre icitte qu’à Sainte-Adèle.
– Pour le sûr, m’sieu Branchaud. Là-bas, c’était quasiment rien que du caillou. On sumait des pétaques et pi quand il venait le temps de récolter, on ramassait des cailloux, des petits, des gros, et presquement pas d’pétaques. Drôle d’idée, le père, d’aller s’établir par là. Mais c’est le curé Labelle, qu’était passé par icitte, ousque le père était sur la terre à mon oncle Éphrem. Je m’en souviens pas ben ben, à cause que j’avais cinq ans quand qu’on a passé au feu. Mais je sais ben que c’était ben plus ane mine de cailloux qu’ane mine d’écus. Des cailloux, pis encore des cailloux...
Extrait de Trente arpents
Philippe Panneton, dit Ringuet
Extérieur jour – Maison de Pierre à la campagne- Galerie
C’est un superbe après-midi d’automne. Sur la galerie de la maison de campagne de Pierre, devant le lac qui miroite, Rémy est étendu sur la chaise longue, enveloppé dans une couverture de laine. Nathalie est assise près de lui, un peu en retrait. Elle est en quelque sorte devenue son infirmière privée. Assis en rang, il y a Pierre, Claude, Alessandro, Diane et Dominique. À l’arrière-plan, Louise, Gaëlle et Sébastien sont les hôtes.
RÉMY
Mais on a tout été ! C’est invraisemblable ! Séparatistes, indépendantistes, souverainistes, souverainistes-associationnistes…
PIERRE
Au tout début, on avait commencé par être existentialistes !
DOMINIQUE
On avait lu Sartre et Camus.
CLAUDE
Après ça, on a lu Frantz Fanon et on est devenu anticolonialistes.
RÉMY
Après ça, on a lu Marcuse et on est devenu marxistes.
PIERRE
Marxistes-léninistes.
ALESSANDRO
Maoïstes.
DIANE
Trotskistes.
RÉMY
Après, on a lu Soljenitsyne, on a changé d’idée et on est devenu structuralistes.
PIERRE
Situationnistes.
CLAUDE
Déconstructionnistes.
DIANE
Féministes.
PIERRE
Y a-t-il un « isme » que nous n’ayons pas adoré ?
CLAUDE
Le crétinisme.
Extrait du film Les invasions barbares
Denys Arcand
En Afrique du Sud c'est l'apartheid
On les boycotte pour donner d'l'aide
On bat les gens, on tire dans la tête
On brûle les maisons, on tue les frères
Irak, Iran, c'est la lance de fer
On sacrifie des générations entières
On apprend aux femmes à tirer l'bazooka
On envoie les enfants mourir pour Allah
Nous on fabrique des bombes
De plus en plus en plus de bombes
Nous on fabrique des bombes
On peut en tuer des millions à la ronde
Pour écraser les Moudjahidin
Les Russes emploient les armes chimiques
D'El Salvador jusqu'au Chili
Les Ricains subventionnent la zizanie
Liban, Syrie et Israël
Ce raid de feu venant du ciel
Du missile Sam Sam au Exocet
Y a rien d'plus mortel pour que ça pète
Nous on fabrique des bombes
De plus en plus en plus de bombes
Nous on fabrique des bombes
On peut en tuer des millions à la ronde
L'Est ou l'Ouest ce sont tous des banquiers
Qui déstabilisent les exploités
On crée des famines, des révolutions
Plus on fout la merde, plus c'est bon
On vend des armes par voie diplomatique
Plus on en tue, plus on fait du fric
C'est 200 milliards de dollars par année
Que la race humaine paye pour s'entretuer
Nous on fabrique des bombes
De plus en plus en plus de bombes
Nous on fabrique des bombes
On peut en tuer des millions à la ronde
On peut en tuer des millions à la ronde
On peut en tuer des millions à la ronde
On peut en tuer des millions à la ronde
Michel Pagliaro
Tu trouveras la paix dans ton cœur
Et pas ailleurs, et pas ailleurs
La seule vraie tranquillité
Le grand repos, l'immobilité
Tu trouveras la paix dans ton cœur
Et pas ailleurs, et pas ailleurs
Tu peux cesser de la chercher
Ce n'est qu'en toi qu'elle peut commencer
Ils sont au dedans de toi
Les merveilleux couchers de soleil
Ils sont au dedans de toi
Ils attendent que tu les réveilles
Au plus profond de toi
Y a la plage immense où tu es tout seul
Au plus profond de toi
Dans le plus chaud de toi
Loin au dedans de toi
Loin au dedans de toi
Loin au dedans de toi
Tu trouveras la paix dans ton cœur
Et pas ailleurs, et pas ailleurs
La seule vraie tranquillité
Le grand repos, l'immobilité
Tu trouveras la paix dans ton cœur
Et pas ailleurs, et pas ailleurs
La seule vraie tranquillité
Le grand repos, l'immobilité
Tu trouveras la paix dans ton cœur
Et pas ailleurs, et pas ailleurs
Tu peux cesser de la chercher
Ce n'est qu'en toi qu'elle peut commencer
Ce n'est qu'en toi qu'elle peut commencer
Ce n'est qu'en toi qu'elle peut commencer
Paroles : Stéphane Venne
Qu'avez-vous fait de mon pays
Qui n'existe pas?
Qu'avez-vous fait de mon pays
Qui n'existe plus?
Du bois, des champs, des montagnes
Des lacs et des rivières
Du monde en ville et en campagne
Qui doit en être fier
J'entends crier que c'est fini
Non, moi je n'y crois pas
Aimer notre terre comme si c'était nous
C'est la sauver de nous
Qu'avez-vous fait de mon pays
Qui n'existe pas?
Qu'avez-vous fait de mon pays
Qui n'existe plus?
Du bois, des champs, des montagnes
Fleuves et fjords magnifiques
Du monde en ville et en campagne
Ne manque que la musique.
Qu’avez‐vous fait de mon pays
Claude Péloquin
Yann Perreau , Salomé Leclerc
Jean Thibault suivit le long entraînement du Service secret.
Au printemps de 1940, le général Laporte le fit demander à son bureau.
- Vous m’avez fait demander, mon général ?
- Oui, Thibault.
Après un court silence, le général reprit :
- Thibault, vos études sont maintenant terminées. Vos examens prouvent que vous ferez un espion de premier ordre.
Thibault se tenait debout devant le général.
- Il va falloir maintenant vous mettre à l’œuvre, Thibault.
- Je suis prêt, mon général.
- Désormais, le nom de Thibault ne sera plus le vôtre. Vous serez l’agent secret IXE-13.
- X-13 ? répéta Thibault.
- Non, IXE… I… X… E… Vous comprenez?
- Oui, mais pourquoi pas X tout court ?
- Par précaution, pour plus tard.
- Comment cela ?
- Supposons que les Allemands apprennent que vous êtes l’agent IXE-13 et décident de vous envoyer un message, ils l’adresseront comme suit : Agent X-13. Aussitôt, vous verrez que ce message est faux.
- Je vois. C’est très ingénieux.
Après un court silence, le général reprit :
- Donc, désormais, vous êtes l’agent IXE-13.
- Entendu, monsieur.
- Vous pouvez partir ?
- Pour où ? demanda IXE-13 sans broncher.
- L’Angleterre.
- Certainement.
- Très bien.
Le général sortit des papiers de son bureau.
- Voici vos papiers IXE-13, vous devrez être à Dorval demain matin à huit heures.
- Bien, mon général.
Le général se leva et lui tendit la main.
- Je vous souhaite bonne chance.
- Merci.
- En arrivant là-bas, vous vous rapporterez au bureau général du Service secret. L’adresse est inscrite sur les papiers que je vous ai remis.
- Très bien.
IXE-13 salua et sortit du bureau.
Resté seul, le général murmura :
- Je crois que ce jeune homme ira loin.
Extrait
Les aventures étranges de l’agent IXE-13
L’as des espions canadiens
Pierre Saurel
Le 13 septembre 1759, jour néfaste dans les annales de la France, l’armée anglaise, commandée par le général Wolfe, après avoir trompé la vigilance des sentinelles françaises, et surpris les avant-postes pendant une nuit sombre, était rangée en bataille le matin sur les plaines d’Abraham, où elle avait commencé à se retrancher.
Le général Montcalm, emporté par son courage chevaleresque, ou jugeant peut-être aussi qu’il était urgent d’interrompre des travaux dont les conséquences pouvaient devenir funestes, attaqua les Anglais avec une portion seulement de ses troupes, et fut vaincu, comme il devait l’être, avec des forces si disproportionnées à celles de l’ennemi. Les deux généraux scellèrent de leur sang cette bataille mémorable, Wolfe en dotant l’Angleterre d’une colonie presque aussi vaste que la moitié de l’Europe, Montcalm en faisant perdre à la France une immense contrée que son roi et ses imprévoyants ministres appréciaient d’ailleurs fort peu.
Malheur aux vaincus! si le marquis de Montcalm eut remporté la victoire sur l’armée anglaise, on l’aurait élevé jusqu’aux nues: au lieu de lui reprocher de n’avoir pas attendu les renforts qu’il devait recevoir de monsieur de Vaudreuil et du colonel de Bougainville, on aurait admiré sa tactique d’avoir attaqué brusquement l’ennemi avant qu’il eût eu le temps de se reconnaître, et d’avoir profité des accidents de terrain pour se retrancher dans des positions inexpugnables; on aurait dit que cent hommes à l’abri de retranchements en valent mille à découvert; on n’aurait point attribué au général Montcalm des motifs de basse jalousie, indigne d’une grande âme: les lauriers brillants qu’il avait tant de fois cueillis sur de glorieux champs de bataille, l’auraient mis à couvert de tels soupçons.
Væ victis!
La cité de Québec, après la funeste bataille du 13 septembre, n’était plus qu’un monceau de ruines; les fortifications n’étaient pas même à l’abri d’un coup de main, car une partie des remparts s’écroulait.
Les magasins étaient épuisés de munitions; les artilleurs, plutôt pour cacher leur détresse que pour nuire à l’ennemi, ne tiraient qu’un coup de canon à longs intervalles contre les batteries formidables des Anglais. Il n’y avait plus de vivres.
Et l’on a cependant accusé de pusillanimité la brave garnison qui avait tant souffert et qui s’était défendue si vaillamment.
Si le gouverneur, nouveau Nostradamus, eût su que le chevalier de Lévis était à portée de secourir la ville, et qu’au lieu de capituler, il eût attendu l’arrivée des troupes françaises, il est encore certain que, loin d’accuser la garnison de pusillanimité, on eût élevé son courage jusqu’au ciel. Certes, la garnison s’est montrée bien lâche en livrant une ville qu’elle savait ne pouvoir défendre!
Elle devait, confiante en l’humanité de l’ennemi qui avait promené le fer et le feu dans les paisibles campagnes, faire fi de la vie des citadins, de l’honneur de leurs femmes et de leurs filles exposées à toutes les horreurs d’une ville prise d’assaut! Elle a été bien lâche cette pauvre garnison!
Malheur aux vaincus!
Les Anciens Canadiens
Philippe Aubert de Gaspé père
Du solstice d'hiver à la Saint-Jean-Baptiste
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