Du solstice d’hiver jusqu'à la Saint-Jean-Baptiste, un texte de chanson, je vous livre un extrait d'une pièce de théâtre, de littérature ou d'un film, tous provenant du grand patrimoine culturel québécois afin que les paroles de nos artistes voyagent partout dans nos têtes et nos cœurs.
Merci rivière.
Merci de griller mes toasts le matin.
Merci de chauffer mon eau dans ma douche.
Merci de tenir ma maison au chaud l’hiver.
Merci de faire rouler ma voiture électrique.
Merci de m’éclairer en ce moment sur cette scène.
Je te promets que je serai davantage responsable de ce que tu me concèdes au prix de ton courant.
Maintenant, je les vois, les électrons que tu agites.
Maintenant, les dimensions ne sont plus garantes de valeur.
Musique de clôture d’épisode.
Christine
Parce que je suis Québécoise.
Parce que, même si je suis une amante blessée, je veux aimer encore.
Parce que, même si je suis déçue, je veux encore être fière.
Parce que nous sommes face à une nouvelle grande étape et que je souhaite d’avoir le courage et l’audace tranquilles de ne pas la manquer.
Parce que, grâce à ce projet, je constate que la meilleure arme contre la division est certainement la connaissance.
Parce qu’il faut redéfinir ce que veut dire être riche.
C’est quoi, la vraie richesse ?
Vous venez de terminer le cinquième et dernier épisode de J’aime Hydro.
Noir.
Fin.
Extrait de la pièce J’aime Hydro
Christine Beaulieu
Le temps n'est plus au regret
Il faut me ressaisir
Le vague à l'âme s'il naviguait
Il saborderait son navire
Il faut marcher, il y a tant à faire
Il faut rouler, m'acharner
Cent fois tourner, biner la Terre
Il faut tenir, il faut bâtir sur l'inconnu
Parier sa chemise qu'on gagnera
Au risque de finir tout nu
Les autres peuvent penser l'contraire
Il faut rouler, s'acharner, cent fois tourner
Il y a tant à faire
Et ce n'est pas ridicule
C'est comme si c'était facile
S'immiscer dans la lumière
D'une longue nuit de l'hiver
J'perds le fil de ma vie, il est tout petit
J'en fais une histoire personnelle
De manière professionnelle
Puis, je le retrouve tôt ou tard
Dans le magistral de l'univers
Il faut tisser, il y a tant à faire
Et ce n'est pas ridicule
C'est comme si c'était facile
S'immiscer dans la lumière
D'une longue nuit de l'hiver
Viendras-tu m'voir au retour
Du printemps?
Que le temps passe lent
Passe lent
Il y a tant à faire
Et ce n'est pas ridicule
C'est comme si c'était facile
S'immiscer dans la lumière
D'une longue nuit, il y a tant à faire
Et ce n'est pas ridicule
C'est comme si c'était facile
S'immiscer dans la lumière
D'une longue nuit de l'hiver
Compositeur : Daniel Bélanger
La machine enregistre. Enfin de compte, vous n'écrivez que sur l'identité ? Je n'écris que sur moi-même. Vous l'avez déjà dit, ça. Ca n'a pas l'air d'avoir été entendu. Vous avez l'impression qu'on ne vous écoute pas ? Les gens lisent pour se chercher et non pour découvrir un autre. Paranoïaque ? On ne l'est jamais assez. Pensez-vous que vous serez un jour lu pour vous-même ? C'était ma dernière illusion avant de vous croiser. Vous me paraissez différent dans la réalité. On s'est déjà rencontrés dans un livre ? Elle ramasse son matériel avec cet air ennuyé capable de vous pourrir une journée ensoleillée.
Extrait du roman L’énigme du retour
Dany Laferrière
Si je m'arrête un instant
Pour te parler de ma vie
Juste comme ça tranquillement
Dans un bar rue St-Denis
Je te raconterai les souvenirs
Bien gravés dans ma mémoire
De cette époque où vieillir
Était encore bien illusoire
Quand j'agaçais les petites filles
Pas loin des balançoires
Et que mon sac de billes
Devenait un vrai trésor
Et ces hivers enneigés
À construire des igloos
Et rentrer les pieds gelés
Juste à temps pour Passe-Partout
Mais au bout du chemin dis-moi ce qui va rester
De la petite école et de la cour de récré ?
Quand les avions en papier ne partent plus au vent
On se dit que le bon temps passe finalement...
... Comme une étoile filante
Si je m'arrête un instant
Pour te parler de la vie
Je constate que bien souvent
On choisit pas mais on subit
Et que les rêves des ti-culs
S'évanouissent ou se refoulent
Dans cette réalité crue
Qui nous embarque dans le moule
La trentaine, la bedaine
Les morveux, l'hypothèque
Les bonheurs et les peines
Les bons coups et les échecs
Travailler, faire de son mieux
En arracher, s'en sortir
Et espérer être heureux
Un peu avant de mourir
Mais au bout du chemin dis-moi ce qui va rester
De notre petit passage dans ce monde effréné ?
Après avoir existé pour gagner du temps
On se dira que l’on est finalement des étoiles filantes
Si je m’arrête un instant pour te parler de la vie
Juste comme ça tranquillement
Pas loin du carré Saint-louis
C’est qu’avec toi je suis bien
Et que j’ai plus le goût de m’en faire
Et parce que tu sais voir trop loin
c’est pas mieux que de regarder en arrière
Malgré les vieilles amertumes
et les amours qui passent
…. brume
Et les idéaux qui se cassent
La vie s’accroche et renaît
Comme les printemps reviennent
Dans une bouffée d’air frais
qui apaise les cœurs en peine
Et ça fait que si un soir tu as envie de rester
avec moi la nuit est douce, on peut marcher
Et même si on sait bien que tout ne dure rien qu’un temps
J’aimerais que tu sois pour un moment
Mon étoile filante
Et au bout du chemin dis-moi ce qui va rester.
Et au bout du chemin dis-moi ce qui va rester.
Les étoiles filantes.
Les étoiles filantes
Les Cowboys Fringants
Mes camarades au long cours de ma jeunesse
si je fus le haut lieu de mon poème maintenant
je suis sur la place publique avec les miens
et mon poème a pris le mors obscur de nos combats
Longtemps je fus ce poète au visage conforme
qui frissonnait dans les parallèles de ses pensées
qui s'étiolait en rage dans la soie des désespoirs
et son cœur raillait la crue des injustices
Maintenant je sais nos êtres en détresse dans le siècle
je vois notre infériorité et j'ai mal en chacun de nous
Aujourd'hui sur la place publique qui murmure
j'entends la bête tourner dans nos pas
j'entends surgir dans le grand inconscient résineux
les tourbillons des abattis de nos colères
Mon amour tu es là, fière dans ces jours
nous nous aimons d'une force égale à ce qui nous sépare
la rance odeur de métal et d'intérêts croulants
Tu sais que je peux revenir et rester près de toi
ce n'est pas le sang, ni l'anarchie ou la guerre
et pourtant je lutte, je te le jure, je lutte
parce que je suis en danger de moi-même à toi
et tous deux le sommes de nous-mêmes aux autres
les poètes de ce temps montent la garde du monde
car le péril est dans nos poutres, la confusion
une brunante dans nos profondeurs et nos surfaces
nos consciences sont éparpillées dans les débris
de nos miroirs, nos gestes des simulacres de libertés
je ne chante plus je pousse la pierre de mon corps
Je suis sur la place publique avec les miens
la poésie n'a pas à rougir de moi
j'ai su qu'une espérance soulevait ce monde jusqu'ici.
Sur la place publique
Gaston Miron
Quand les hommes vivront d'amour,
Il n'y aura plus de misère
Et commenceront les beaux jours
Mais nous nous serons morts, mon frère
Quand les hommes vivront d'amour,
Ce sera la paix sur la terre
Les soldats seront troubadours,
Mais nous nous serons morts, mon frère
Dans la grande chaîne de la vie,
Où il fallait que nous passions,
Où il fallait que nous soyons,
Nous aurons eu la mauvaise partie
Quand les hommes vivront d'amour,
Il n'y aura plus de misère
Et commenceront les beaux jours,
Mais nous nous serons morts, mon frère
Mais quand les hommes vivront d'amour,
Qu'il n'y aura plus de misère
Peut-être songeront-ils un jour
À nous qui serons morts, mon frère
Nous qui aurons aux mauvais jours,
Dans la haine et puis dans la guerre
Cherché la paix, cherché l'amour,
Qu'ils connaîtront alors mon frère
Dans la grande chaîne de la vie,
Pour qu'il y ait un meilleur temps
Il faut toujours quelques perdants,
De la sagesse ici-bas c'est le prix
Quand les hommes vivront d'amour,
Il n'y aura plus de misère
Et commenceront les beaux jours,
Mais nous serons morts, mon frère.
Quand les hommes vivront d’amour
Raymond Lévesque
Il est né un jour de printemps
Il était le septième enfant
D'une famille d'ouvriers
N'ayant pas peur de travailler
Comme un million de gens
Il a grandi dans un quartier
Où il fallait pour subsister
Serrer les dents les poings fermés
Autour de lui y'avait plus petit et plus grand
Des hommes semblables en dedans
En mangeant un morceau de pain
Il avait vu que le voisin
Avait quelque chose sur le sien
Qu'il aurait bien aimé goûté
Comme un million de gens
Il a cessé d'étudier
Car il fallait pour mieux manger
Serrer les dents et travailler
Autour de lui y'avait plus petit et plus grand
Des hommes semblables en dedans
Puis un jour il a rencontré
Une femme qu'il a marié
Sans pour cela se demander
Si du moins il pouvait l'aimer
Comme un million de gens
Ils ont veilli dans leur quartier
Et leurs enfants pour substiter
Serrent les dents les poings fermés
Mais autour d'eux y'aura plus petit et plus grand
Des hommes semblables en dedans
Comme un million de gens
Qui pourraient se rassembler
Pour être beaucoup moins exploités
Et beaucoup plus communiquer
Se distinguer, se raisonner, s'émanciper
Se libérer, s'administrer
Se décaller, s'équilibrer, s'évaporer
S'évoluer, se posséder
Mais autour d'eux y'aura plus petit et plus grand
Des hommes semblables en dedans
Comme un million de gens
Comme toi, comme moi, bébé
Comme toi, comme moi, bébé
Comme toi, comme moi, comme lui, comme l'autre, comme toé, bébé
Comme un million de gens
Compositeur : Claude Dubois
Ô pâle envie, un jour, ces hommes que tu mords
Ont secoué les fers de leur race opprimée !
Leur sublime folie, hélas ! fut réprimée,
Mais gare au peuple bon qui se souvient des morts.
Ils semblaient des coursiers qui font saigner leurs mors.
Peuple, ta volonté par eux s’est exprimée.
Nulle tache à leurs fronts ne s’est donc imprimée,
Et leurs sanglants tombeaux n’ont pas eu de remords.
Sous le chaume longtemps on dira leur vaillance.
De leur sang généreux ils ont, sans défaillance,
Payé nos libertés à de cruels bourreaux.
La lutte pour le droit n’est jamais inutile,
Et ces fous glorieux que le glaive mutile
Sont ceux que l’avenir appelle des héros.
Les patriotes de 1837
Tiré du recueil Les Gouttelettes-Sonnets, publié en 1904
Pamphile Le May
Je suis celui qui marche
Quand l'bonheur en arrache
Quand l'amour le chatouille
Quand la vie le bafouille
Toujours vivant
Je suis celui qui regarde en avant
Je suis celui qui lutte
Quand la vie le culbute
Je retombe sur mes bottes
Les pieds dans la garnotte
Toujours debout
Je suis celui qui va jusqu'au bout
Je suis celui qui frappe
Dedans la vie
À grands coups d'amour
Je suis celui qui frappe
Dedans la vie
À grands coups d'amour
Je suis de cette race
Qui veut laisser sa trace
En graffitis fébriles
Sur le béton de ville
Toujours vivant
Je suis celui qui regarde en avant
Je suis celui qui frappe
Dedans la vie
À grands coups d'amour
Je suis celui qui frappe
Dedans la vie
À grands coups d'amour
Je suis celui qui passe
Quand les autres se tassent
Au bord de la routine
Je suis celui qui spine
Et qui reste vivant
Je suis celui qui regarde en avant
Je suis celui qui fonce
La tête dans les ronces
Qui jamais ne renonce
Au plaisir d'être libre
Et toujours debout
Je suis celui qui va jusqu'au bout
Je suis celui qui frappe
Dedans la vie
À grands coups d'amour
Je suis celui qui frappe
Dedans la vie
À grands coups d'amour
Je suis celui qui frappe
Dedans la vie
À grands coups d'amour
Je suis celui qui frappe
Dedans la vie
À grands coups d'amour
Je suis celui qui frappe
Dedans la vie
À grands coups d'amour
Je suis celui qui frappe
Dedans la vie
À grands coups d'amour
Je suis celui qui frappe
Dedans la vie
À grands coups d'amour
Je suis celui qui frappe
Dedans la vie.
Toujours vivant
Gerald Boulet / Michel Rivard
De son grand couteau pointu à manche de bois noir, Urgèle Deschamps, assis au haut bout de la table, traça rapidement une croix sur la miche que sa femme Mâço venait de sortir de la huche. Ayant ainsi marqué du signe de la rédemption le pain du souper, l’homme se mit à le couper par morceaux qu’il empilait devant lui. Son pouce laissait sur chaque tranche une large tache noire. C’était là un aliment massif, lourd comme du sable, au goût sur et amer. Lorsqu’il eut fini sa besogne, Deschamps ramassa soigneusement dans le creux de sa main, les miettes à côté de son assiette et les avala d’un coup de langue. Pour se désaltérer, il prit une terrine de lait posée là tout près, et se mit à boire à longs traits, en faisant entendre, de la gorge, un sonore glouglou. Après avoir remis le vaisseau à sa place, il s’essuya les lèvres du revers de sa main sale et calleuse. Une chandelle posée dans une soucoupe de faïence ébréchée, mettait un rayonnement à sa figure barbue et fruste de travailleur des champs. L’autre bout de la table était à peine éclairé, et le reste de la chambre disparaissait dans une ombre vague.
Un grand silence régnait, ce silence triste et froid qui suit les journées de dur labeur. Et Mâço allait et venait, avec son ventre énorme, et son goitre semblable à un battant de cloche qui lui retombait ballant sur la poitrine.
Elle parla :
– Mon vieux, j’cré ben que j’vas être malade.
– À soir ?
– J’cré qu’oui.
–Ça serait teut ben mieux d’aller cri le docteur.
– J’cré qu’oui.
– J’irai après manger.
Dans la pièce où l’ombre écrasait le faible jet de lumière, le silence se fit plus profond, plus lourd.
Extrait du roman La Scouine
Albert Laberge
Note :
1918 – Alfred Laberge publie à compte d’auteur son unique roman, La Scouine, auquel il avait mis plus de quinze ans à le rédiger. Quelques épisodes du livre avait d’abord paru dans des revues. L’ouvrage est tiré à 75 exemplaires. La critique est très froide. Mgr Bruchesi condamna ce roman (avant même sa publication !) comme une « ignoble pornographie » et mit en demeure le journal La Presse de licencier Laberge. Cependant, Olivar Asselin en présente une critique sympathique.
Ce soir je ne me suis pas épargnée
Toute ma vie j'ai raconté
Comme si ça ne se voyait pas
Que la pudeur en moi n'existe pas
Ce soir au rythme de mes fantaisies
J'vous ai fait partager ma vie
En rêve ou en réalité
Ça n'en demeure pas moins la vérité
Mais moi je ne suis qu'une chanson
Je ris je pleure à la moindre émotion
Avec mes larmes ou mon rire dans les yeux
J'vous ai fait l'amour de mon mieux
Mais moi je ne suis qu'une chanson
Ni plus ni moins qu'un élan de passion
Appelez-moi marchande d'illusions
Je donne l'amour comme on donne la raison
Ce soir je n'ai rien voulu vous cacher
Pas un secret j'ai su garder
Comme si ça ne se voyait pas
Que j'avais besoin de parler de moi
Ce soir je ne me suis pas retenu
Je me suis montrée presque nue
Sur une scène trop éclairée
J'aurais du mal à me sauver de moi
Mais moi je ne suis qu'une chanson
Je ris je pleure à la moindre émotion
Avec mes larmes ou mon rire dans les yeux
J'vous ai fait l'amour de mon mieux
Mais moi je ne suis qu'une chanson
Ni plus ni moins qu'un élan de passion
Appelez-moi marchande d'illusions
Je donne l'amour comme on donne la raison
Mais moi je ne suis qu'une chanson
Je ris je pleure à la moindre émotion
Avec mes larmes ou mon rire dans les yeux
J'vous ai fait l'amour de mon mieux
Je ne suis qu'une chanson
Ginette Reno
101 doutes!
J'm'en souviens d'la langue, d'la langue de Lepage pis celle de Tremblay
Et je parle la langue de Ferron, Gauvreau et de PDG
J'me souviens à mort, du Vent du Mont Scharr!
Mais on est encore pris pour tapiner Paris, parce que la chicane est pognée dans' cabane...
J'm'en souviens d'la langue, d'la langue des doux french kiss...
J'm'en souviens encore, mais pour combien de temps?
J'm'en souviens tellement
J'la mettrais dans l'vinaigre pour qu'a dure plus longtemps...
T'en souviens-tu d'la langue?
Do you remember when we were french...?
J'm'en souviens
French B
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À la douleur que j’ai, que j’ai !
Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire : Où vis-je ? Où vais-je ?
Tous ses espoirs gisent gelés :
Je suis la nouvelle Norvège
D’où les blonds ciels s’en sont allés.
Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À tout l’ennui que j’ai, que j’ai !…
Soir d'hiver
Emile Nelligan
Œuvres poétiques complètes I : Poésies complètes 1896-1941
Aimons-nous quand même
Aimons-nous jour après jour
Aimons-nous quand même
Aimons-nous malgré l'amour
Aimons-nous de rage
Aimons-nous mais sans pitié
Aimons-nous en cage
Aimons-nous sans amitié
Deux mille ans de haine
N'ont rien changé à l'amour
Pour briser nos chaînes
Sonnent canons et tambours
C'est l'amour qui gronde
L'amour avance à grands pas
Par amour du combat
Je t'aime, tu m'aimes, il l'aime
Nous vous aimons
Vous nous aimez
Ils m'aiment, ils t'aiment, ils aiment
Aimons-nous quand même
La mort unit sans retour
Aimons-nous, je t'aime
Je te tuerai, mon amour
L'amour nous préserve
Des remords de nos tueries
On tue sans réserve
Par amour de sa patrie
On vit dans l'histoire
Lorsque l'on vit sans aimer
L'amour c'est la gloire
La puissance et l'amitié
Aimons sans contrainte
Aimons-nous comme il se doit
Resserrons l'étreinte
Qui nous étouffera de joie
Je m'aime, tu t'aimes, il s'aime
Nous nous aimons
Vous vous aimez
Ils s'aiment
S'aimeront
Aimons-nous
Yvon Deschamps
Séquence 56
Debout face à la porte, le papier appuyé sur celle-ci, De Lorimier rédige son testament. Il s’arrête parfois quelques instants pour réfléchir puis reprend le fil de son texte. Au fond de la cellule, Prieur, étendu sur le dos, fait semblant de dormir. Il jette un coup d’œil de temps à autre sur son ami.
De Lorimier, en voix-off.
– À la veille de rendre mon esprit à son Créateur, je désire connaître ce que je ressens et ce que je pense. Je meurs sans remords. Je ne désirais que le bien de mon pays dans l’insurrection et l’indépendance. La mort a déjà décimé plusieurs de mes collaborateurs. Beaucoup gémissent dans les fers, un plus grand nombre sur la terre d’exil avec leurs propriétés détruites, leurs familles abandonnées sans ressources aux rigueurs de l’hiver. Malgré tant d’infortune, mon cœur entretient encore du courage et des espérances pour l’avenir, mes amis et mes enfants verront de meilleurs jours, ils seront libres, ma conscience tranquille me l’assure. Je laisse des enfants qui n’ont pour héritage que le souvenir de mes malheurs. Pauvres orphelins, c’est vous que je plains. Le seul crime de votre père est dans l’irréussite. Quant à vous, mes compatriotes, mon exécution et celle de mes compagnons d’échafaud vous seront utiles.
Puissent-elles vous démontrer ce que vous devez attendre du gouvernement anglais!... Je n’ai plus que quelques heures à vivre, et j’ai voulu partager ce temps précieux entre mes devoirs religieux et ceux dus à mes compatriotes; pour vous, je meurs sur le gibet de la mort infâme du meurtrier, pour vous, je me sépare de mes jeunes enfants et de mon épouse, et pour vous, je meurs en m’écriant : Vivre la liberté, vive l’indépendance !
Chevalier de Lorimier
Séquence 57
Dans sa cellule, Hindelang marche de long en large. Il s’arrête, n’arrive pas à se réchauffer. Est-ce le froid ? Est-ce…? Il se remet en marche. Pour rien. Pour bouger. Pour éviter de penser. Pour s’exténuer. Pour s’étourdir. Il respire profondément.
Séquence 58
Toujours appuyé sur la porte, De Lorimier écrit une nouvelle lettre. Xavier le suit toujours des yeux.
De Lorimier, en voix off.
– Dans le peu de temps qui s’est écoulé depuis le jour de notre union sacrée jusqu’à ce jour, tu m’as rendu, ma chère femme, vraiment heureux. Je ne te verrai plus dans ce monde. Mais toi, ma chère Henriette, tu pourras me voir encore une fois, mais alors mon corps sera froid, inanimé, défiguré. Sois donc heureuse, ma chère et pauvre femme, c’est le vœu le plus ardent de mon âme. Tu dois prendre courage. Il faut que tu vives pour l’amour de nos chers petits enfants. Adieu ma tendre femme, encore un fois adieu. Vis et sois heureuse. Ton malheureux mari. Thomas.
Thomas termine sa lettre, la plie et la met dans sa poche du côté du cœur.
De Lorimier. – Tu dors pas ?
Prieur. – Non… J’aime mieux rester avec toi.
Extrait du film 15 février 1839
Pierre Falardeau
Un Canadien errant,
Banni de ses foyers,
Parcourait en pleurant
Des pays étrangers.
Un jour, triste et pensif,
Assis au bord des flots,
Au courant fugitif
Il adressa ces mots :
« Si tu vois mon pays,
Mon pays malheureux,
Va, dis à mes amis
Que je me souviens d'eux
Plongé dans mes malheurs
Loin de mes chers parents
Je passe dans les pleurs
D'infortunés moments
Pour jamais séparé
Des amis de mon cœur
Hélas! Oui je mourrai
Je mourrai de douleur
Non, mais en expirant,
Ô mon cher Canada !
Mon regard languissant
Vers toi se portera... »
Un Canadien errant
Antoine Gérin-Lajoie
Note :
Un Canadien errant est une chanson écrite en 1842 par Antoine Gérin-Lajoie après la Rébellion du Bas-Canada de 1837-1838, lors de laquelle certains des rebelles ont été condamnés à mort et d'autres ont été exilés aux États-Unis et en Australie.
Gérin-Lajoie a écrit la chanson sur le thème de la peine de l'exil en passant ses examens classiques au Séminaire de Nicolet. Le texte a été inspiré à Gérin-Lajoie lorsqu’il avait seize ans. C’était en 1839, au cœur de la Rébellion des Patriotes. Le jeune garçon avait été témoin, à Cap-Diamant, du départ vers le large d’un grand voilier, à bord duquel 141 patriotes étaient enchaînés, condamnés à l’exil à 10 000 km de leur foyer, en Australie. Le jeune Antoine, profondément touché, écrit alors une première version de ce qui deviendra Le Canadien errant.
À l’époque, le statut de «canadien» et le pays du «Canada» font référence aux québécois francophones et au Québec actuels. Pourtant, la chanson deviendra populaire à l’extérieur de ce territoire, notamment en Louisiane, dans l’Ouest canadien et en Nouvelle-Angleterre.
Du solstice d'hiver à la Saint-Jean-Baptiste
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